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Lily Allen en showcase thérapeutique

Ce n’est pas tous les jours qu’une icône de la pop décide de faire escale au Bota pour y présenter en primeur des extraits de son futur album. D’autant qu’il s’agissait de la plus rebelle d’entre elles, Lily Allen, qui a investi l’Orangerie ce mercredi 11 avril.

Sans surprise complet en un clin d’œil malgré une actualité récente moins scintillante que dans la seconde moitié des années 2000 lorsqu’elle squattait le haut des charts aux côtés de Katy Perry ou Lady Gaga, il s’agissait avant tout d’une remise en jambes pour l’artiste. En effet, depuis la sortie de « Sheezus » en 2014, c’est plutôt sa vie privée qui a fait la une des tabloïds anglais.

Divorce, dépression, accoutumances et autres joyeusetés du genre l’ont ainsi tenue éloignée des studios d’enregistrement jusqu’à ce qu’elle décide d’y puiser son inspiration pour composer « No Shame », son quatrième album dont la sortie est programmé en juin prochain. Un album qui la voit notamment collaborer avec Mark Ronson, l’excellent Fryars, Tim-Rice Oxley (le chanteur de Keane) ou Sam Duckworth (Get Cape. Wear Cape. Fly). En revanche et pour la première fois, pas de trace du prodige Greg Kurstin (aucun lien direct avec son divorce, pour les curieux…).

Pas de première partie au programme mais un public particulièrement discipliné qui, à notre arrivée, patientait sagement en file indienne depuis les portes de l’Orangerie… jusqu’à celles de la Rotonde. Un public qui aura du mal à s’enthousiasmer pendant la majeure partie du set, ne se lâchant qu’à de trop rares occasions. Il est vrai que le très Ms Dynamite « Knock ‘Em Out » et le chaloupé « Smile » (son premier numéro un anglais) ne seront que les deux seuls titres issus de son back catalogue lors de la première heure.

Au milieu d’un décor dépouillé et accompagnée de deux claviéristes bidouilleurs (l’un d’eux alternera de temps à autre guitare et basse), elle va en effet poursuivre son traitement thérapeutique en se plongeant généreusement dans ses nouvelles compositions, plus introspectives, (un rien) moins pop et pour la plupart inédites. Un pari osé mais relevé avec brio par une chanteuse en forme malgré un début de rhume (qu’elle combattra notamment sur scène avec un mug de thé et un spray pour la gorge).

Vêtue d’une élégante longue robe noire incorporant une sorte de cape volante et arborant deux couettes dans une chevelure blonde aux nuances rosâtres, elle va se montrer généreusement prolixe. Entre son addiction à l’alcool (le tristounet « Everything To Feel Something » au piano), sa dépression (« Lost My Mind ») ou son mariage foireux (« Apples », le mélancolique « Family Man »), elle n’a pas rigolé tous les jours. Mais il y a toujours une lumière au bout du tunnel et celle-ci prend la forme d’une nouvelle relation (l’efficace et guilleret « Pushing Up The Daisies ») alors que le moment le plus poignant de la soirée sera sans doute « Three », cette délicate comptine imaginée depuis les yeux de ses enfants.

Si l’on déplorera sa voix par moments trafiquée et certains bruitages carnavalesques superflus, ce nouvel album semble s’apparenter à celui de la maturité pour la chanteuse qui fêtera son trente-troisième anniversaire dans quelques jours. Ce qui veut dire qu’elle était très jeune lorsqu’elle a composé « Fuck You » à l’encontre d’un certain George W. Bush qui, ajoutera-t-elle, n’était finalement pas le pire en faisant référence au locataire actuel de la Maison Blanche. Un titre toujours (et plus que jamais) d’actualité qu’elle enverra également à la figure de Theresa May et qui bouclera le set principal, décoinçant enfin le public.

Ce dernier aura encore l’occasion de se trémousser sur « The Fear » et « Not Fair », deux hits de 2009, lors de rappels entamés avec « Trigger Bang », le titre qui l’a vue revenir sur le devant de la scène fin de l’année dernière. Lily is back, remontée comme jamais…

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