Under The Soft Moon
Soirée de forte affluence au Bota ce samedi 17 février puisque pendant que les déjantés Romano Nervoso présentaient leur nouvel album à la Rotonde, l’Orangerie était prise d’assaut par des corbeaux noirs curieux de découvrir sur scène « Criminal », la quatrième plaque de The Soft Moon. Deux événements archi sold out… Si on aura l’occasion de rattraper la prestation des natifs de La Louvière lors d’un prochain rendez-vous, passer à côté de celle du projet de Luis Vasquez dans des conditions aussi parfaites aurait été un non-sens. Le bonhomme n’a sans doute jamais été aussi épanoui musicalement et se permet même de calmer le tempo par moments pour y glisser une dose de chaleur relative aussi surprenante que judicieuse.
En tout cas, un qui n’a pas froid aux yeux, c’est Emad Dabiri alias SARIN qui allait assurer la première partie derrière sa console, le visage recouvert d’un masque en cuir SM dans l’obscurité la plus totale que des flashes saccadés et des étincelles de… disqueuse viendront trancher. Musicalement, le Berlinois d’adoption balancera des beats lorgnant davantage du côté de l’EBM que de la techno, sans réellement parvenir à emballer un public plutôt passif. Un visuel n’aurait sans doute pas été superflu…
Avec un spot blanc immobile qui projetait une lumière timide dans le dos de Luis Vasquez, on était à deux doigts d’adresser le même reproche à The Soft Moon au terme de « Criminal », l’atypique titre d’intro et plage titulaire du nouvel album. Mais ce n’était qu’une fausse alerte car dès le classique « Dead Love », le préposé aux lights allait se lâcher quelque peu, apportant un environnement moins sinistre aux guitares à la Cure (« Circles », « Tiny Spiders ») ou à la Siouxsie (« Into The Depths »). Ceci dit, on pourrait peut-être lui reprocher une utilisation abusive des stroboscopes.
Autour de l’autoritaire leader (c’est lui qui compose et enregistre seul), on retrouve un bassiste à l’entêtant groove et un excellent batteur qui alternera kit traditionnel et électronique avec une aisance déconcertante. Ce dernier donnera également le tempo sur les titres bardés de percussions tribales (« Wrong ») et se désaltèrera à même le goulot d’une bouteille de whisky avant de repartir de plus belle.
On l’a dit, « Criminal » laisse une (petite) place aux mélodies chantées qui offrent une respiration bienvenue (l’excellent « Give Something ») et une vision davantage électro (l’intro de « Burn » aurait pu être chipée à Goose). Mais il ne s’agit pas d’une norme car « Like A Father » et « The Pain » trempent dans le bain post-punk industriel qui a fait leur renommée et ne jurent pas aux côtés de « Far » ou du pogotique final « Die Life ».
Les rappels se limiteront à deux titres qui les verront emprunter une voie très électro (« Black ») avant un « Want » à la rythmique glaciale dont les gilles au carnaval gothique de Leipzig devraient s’inspirer. Pas pour lancer leurs oranges mais plutôt pour martyriser leurs tambours. À la lueur de la lune, bien entendu…