Joan As Police Woman se dévoile Chez [PIAS]
Cela devient une (bonne) habitude Chez [PIAS]. Permettre à quelques privilégiés d’assister à la présentation officielle du nouvel album d’un artiste maison dans les locaux du célèbre label. Un showcase intimiste et exclusif auquel s’est prêtée Joan As Police Woman dont le très réussi « Damned Devotion » sortait le lendemain. Depuis sa collaboration avec Benjamin Lazar Davis déclinée en un disque (« Let It Be You ») et une tournée passée par l’Ancienne Belgique en 2016, Joan Wasser s’est faite relativement discrète. Du moins en apparence car elle a notamment produit un album pour Domino Kirke, composé en partie la BO du film Permission de Brian Crano, participé au spectacle Pieces Of A Man : The Gil Scott-Heron Project en hommage au légendaire chanteur disparu et même remplacé l’espace de trois semaines Guy Garvey (le chanteur d’Elbow) au micro de son émission de radio sur BBC6.
Parallèlement, elle a trouvé le temps de composer les titres de « Damned Devotion », son sixième album sous le pseudo Joan As Police Woman, mis en boîte avec la complicité du batteur Parker Kindred et du claviériste Thomas Bartlett. Deux pointures qui ont mis toute leur science au service de la chanteuse dont les textes sombres ne rendent toutefois pas l’ensemble dépressif. Il est vrai qu’elle manie l’humour avec une certaine aisance, comme elle le démontrera ce soir.
Un piano, deux abat-jours et un immense tapis décorent la scène sur laquelle elle se produira seule. Une atmosphère feutrée en parfaite adéquation avec les versions dépouillées des titres de « Damned Devotion » qu’elle va jouer dans son intégralité et dans l’ordre des plages. Enfin, presque, puisqu’elle va laisser tomber les plus uptempo qui sont aussi celles qu’elle n’a pas composées seule. Coïncidence ?
Toujours est-il que les trois premiers extraits vont d’emblée subjuguer un public attentif, respectueux et reconnaissant (une spectatrice ira jusqu’à lui offrir un bouquet de fleurs similaire à celui de la pochette de l’album). « Wonderful », « Warning Bell » et « Tell Me » (un des rares titres joués à la guitare) constituent en effet un début de plaque tonitruant qu’il sera difficile d’égaler cette année. Ajoutez-y les généreux commentaires de l’artiste entre deux gorgées de thé et l’expérience sera complète.
On apprendra ainsi que le délicat « What Was It Like » est dédié à son papa disparu en 2014 (les paroles « I’d race to meet you At the top of the stairs You’d come from working You were always there for me » vont lui troubler la voix et mouiller ses yeux – et nous aussi du coup), que « The Silence » (non jouée mais dissertée) a été écrite dans la foulée de la Women’s March de Washington le lendemain de l’investiture de Donald Trump ou encore qu’« I Don’t Mind » a une connotation moins négative que certains journalistes ne le prétendent.
Outre la version soul et chaleureuse de « Valid Jagger » et celle, prenante, de « Rely On », on s’attardera également sur sa cover du « Kiss » de Prince dont la teneur cabaret jazzy inexplorée démontre s’il était encore nécessaire le talent d’une artiste complète. Sa prestation en full band à l’Orangerie du Botanique le 2 avril vaudra le détour…