Female Metal Event 2017 : le debriefing (épisode 2)
Après ces deux premières soirées très réussies, changement de décor pour la journée du samedi puisque c’est le complexe Effenaar qui accueille la plus grosse journée de l’édition 2017 du Female Metal Event. Pas entièrement remis de mes émotions de la veille, me revoilà pourtant à pied d’œuvre dans ce temple dédié, le temps d’une journée, aux déesses du métal. La fatigue est là, mais l’affiche du jour est si alléchante que nous sommes tous dopés à l’adrénaline. Côté affluence, le public est présent en plus grand nombre que le premier jour, ce qui est une bonne nouvelle pour les organisateurs.
La journée commence au son des rythmes joyeux et entraînants du groupe finlandais Amberian Dawn, le groupe fondé par Tuomas Seppälä et emmené par la talentueuse Päivi «Capri» Virkkunen. Le groupe livre une excellente prestation, nettement supérieure aux artistes habituellement programmés en ouverture de programme. Les morceaux se suivent à une cadence soutenue et les mélodies au parfum d’Abba suscitent l’enthousiasme du public présent en nombre. Le caractère entraînant des morceaux et l’enthousiasme de la salle en feraient presque oublier la maîtrise de l’écriture et la profondeur, voire la tristesse de certains textes («Cherish My Memory»).
Mais aujourd’hui, l’important est de faire la fête et le groupe semble apprécier l’accueil très positif qu’il reçoit bien que l’après-midi ne fasse que commencer. Au menu de la setlist, on retrouve surtout des titres de l’ère Capri: «Valkyries» (de «Re-Evolution», 2013), «Fame & Gloria» (de «Innuendo», 2015), «Circus Black» (2013), «Magic Forest» (de l’album éponyme de 2014), «Cherish My Memory» (2014), «Crimson Flower» (2013), «Maybe » (morceau sorti un mois plus tard sur le nouvel album «Darkness Of Eternity», 2017), «Knock Knock Who’s There» (2015), «Rise of the Evil» (2015) et «River of Tuoni» (de l’album éponyme de 2008). Le groupe a clairement atteint un nouveau palier et je me réjouis qu’une tournée européenne soit annoncée pour cet hiver.
Aperçu filmé de la prestation d’Amberian Dawn :
Pour essuyer les plâtres de la petite scène , les organisateurs ont fait appel à un des gagnants des battles, le groupe allemand Aeranea qui régale le public avec sa musique entre Evanescence et Lacuna Coil, ses riffs puissants, sa musique sombre et mélodieuse à la fois, ses rythmes obsédants agrémentés d’éléments électro. Parmi les titres interprétés, le groupe de l’énergique chanteuse Lilly Seth présente les morceaux du EP exclusif («The Demons Inside») que le groupe a été invité à enregistrer en récompense de sa nomination aux Battles. Le public de la petite salle semble apprécier cette prestation d’excellente qualité. Les autres titres interprétés proviennent du premier album («As The Sun Died», sorti en 2014) et du premier EP du groupe («The Fading Ones», sorti en 2016). Les plus physionomistes auront aussi reconnu à la guitare Stefan Herkenhoff qui n’est autre que le bassiste du groupe Beyond The Black. Les deux scènes ont accueilli leur premier groupe. La journée est bien lancée!
Aperçu filmé de la prestation d’Aeranea :
Retour sur la grande scène pour une découverte puisque c’est la toute première fois que le groupe américain Edge Of Paradise se produit sur une scène en Europe. La bande à Margarita Monet nous fait découvrir son univers musical mélangeant hard rock et métal, avec des titres comme «Saints of Los Angeles» (reprise de Mötley Crüe) ou encore «Alive» et «Mystery» (extrait du EP «Alive» de 2017) et «In A Dream» (extrait de l’album «Immortal Waltz» de 2015). La voix de a chanteuse américaine est plus criarde que ce que l’on a l’habitude d’entendre, mais après quelques hésitations, le public a l’air de mordre à l’hameçon.
Pour découvrir Edge Of Paradise , voir un extrait de sa prestation du jour:
La petite scène du Effenaar accueille ensuite les régionaux de l’étape, le groupe néerlandais Beyond God, dont le nouvel album est sorti début novembre. Sur scène, la chanteuse Meryl Foreman est accompagnée de Ferry Guns à la batterie, Lukasz Kubaszak à la basse et Twan Smolders à la guitare (dont c’est une des dernières apparitions avec le groupe qu’il a décidé de quitter pour se consacrer à sa carrière sportive). Les Néerlandais nous proposent un métal symphonique, plus nuancé et empreint de beaucoup plus de sensibilité que la musique du groupe précédent. Au programme: «Prince Creep», «Sonambula», «Passion», «Memories», «Destination Darkness», «Cursed», «Nocturne» et «Ghost Ship» (extrait de l’album «A Moment Of Black» de 2016) ainsi que «No Other Way», nouveau morceau interprété pour la toute première fois en public. Une prestation toute en finesse, sur des mélodies tantôt sombres, tantôt plus atmosphériques, flirtant parfois avec le prog. Avec ce concert, Meryl a montré qu’elle est désormais parfaitement bien intégrée dans le groupe et à l’aise sur scène. La bonne impression laissée par ce concert se confirme d’ailleurs à l’écoute du nouvel album «Dying To Feel Alive», mais ça, c’est une autre histoire…
Extrait filmé de la prestation de Beyond God:
Theatre des Vampires (inspiré par le titre du roman d’Anne Rice) est un groupe de métal gothique italien que je ne connaissais que de nom. Dès l’entrée en scène du groupe et de sa chanteuse Sonya Scarlet, je suis frappé par le changement de tonalité. Le groupe joue pleinement la carte du vampirisme, en ce compris sa dimension sensuelle, voire érotique. Et Sonya joue le jeu à fond. Munie d’un micro à l’ancienne, elle égrène les titres de son répertoire comme les grains d’un chapelet: «Unspoken Words», «Sangue», «Candyland», «Resurrection Mary», «Wherever You Are», «Blood Addiction», «Moonlight Waltz», «Medousa», «Delusional Denial», «Parasomnia», «Your Ragdoll», «Photographic» et «Carmilla». Il faut dire que le groupe créé en 1994 compte à son actif pas moins de 10 albums studios, dont le dernier en date «Candyland» (2016) est largement représenté dans la setlist. Une transposition musicale intéressante de l’univers vampirique, alliant black métal symphonique, musique classique et opéra, darkwave, deathrock, gothic rock et indus. Une prestation sexy et pour le moins originale!
Extrait filmé de la prestation de Theatre des Vampires:
Après ce phénomène italien, il est temps de regagner la petite salle pour assister à la prestation de l’excellent groupe tunisien de métal symphonique Persona emmené par la chanteuse Jelena Dobric qui alterne voix claire et voix extrême. Une révélation ! Ce groupe propose une musique métal flirtant parfois avec le prog et dotée d’une dynamique et d’une rythmique incroyables. Malgré l’absence du bassiste et du claviériste retenus par un problème de visa, Persona donne un des concerts les plus impressionnants de la journée. Les titres interprétés au festival sont extraits des albums «Elusive Reflections» (2016) et «Metamorphosis» (2017). Des rythmes entraînants, des riffs comme on les aime et puis cette passion et cette énergie que dégage Jelena! Un groupe à découvrir de toute urgence et à ne surtout pas perdre de vue.
Extrait filmé de la prestation de Persona:
L’invité suivant de la grande scène n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit du groupe allemand And Then She Came formé par des anciens membres de Krypteria. En fin de promotion de leur premier album (sans nom), la joyeuse bande composée de Ji-In Cho (chant), Olli Singer (guitare), Frank Stumvoll (basse) et S.C. Kuschnerus (batterie) ont posé leurs instruments sur la scène du Effenaar pour un concert vraiment décoiffant. Des morceaux métal rapides agrémentés de sons électro sont interprétés avec une énergie débordante par Ji-In, inégalable dans ce genre d’exercice.
Le groupe va aligner les titres («Where Do We Go From Here», «Public Enemy No1», «Who’s Gonna Save You», «Would You Die Tonight», «Five Billion Lies», «Spit It Out», «Why So Serious», «Find Another Way», «Hellfire Halo», «If You Hate Me That’s Okay, But… », «Like A Hurricane») dans une frénésie musicale qui ne tarde pas à envahir la salle toute entière.
Titre après titre, l’ambiance continue à monter. La symbiose est parfaite entre les protagonistes sur scène. La salle est en feu. Il faut dire que les Allemands sont à fond dans leur concert et savent comment soulever la foule. Tout est millimétré, tant du côté des musiciens que du côté voix. Les membres du groupe prennent un plaisir non dissimulé à se produire sur la scène du Female Metal Event et le public les suit comme un seul homme. La prestation de Ji-In et les siens restera en tous cas dans la mémoire de toutes les personnes présentes comme un des grands moments de cette édition 2017.
Extrait du DVD live de And Then She Came :
Pas encore bien remis par la claque prise avec And Then She Came , il est grand temps de se rendre dans la petite salle pour assister au concert du groupe Phantom Elite, groupe emmené par la charmante et talentueuse Marina La Torraca que l’on a aussi pu entendre au sein de la formation Exit Eden (avec Clémentine Delauney, Amanda Somerville et Anna Brunner). Formé par Sander Gommans (After Forever) au départ de son projet HDK, Phantom Elite réunit des musiciens brésiliens et néerlandais qui viennent défendre les titres de leur premier opus intitulé «Wasteland». Une musique bien construite et bien interprétée qui se heurte cependant à une relative indifférence du public, sans doute à cause du manque de notoriété du groupe à ce niveau de l’affiche, peut-être aussi parce qu’une partie du public est resté dans la grande salle afin d’avoir une bonne place pour la tête d’affiche. La musique du groupe gagne pourtant à être connue, avec des titres comme «Wasteland» et «Syren’s Call». Un groupe à découvrir donc.
Aperçu de la prestation de Phantom Elite:
Comme dans tout festival, c’est bien sûr pour la tête d’affiche que la plus grande partie du public a fait le déplacement. Au menu de ce soir, le groupe néerlandais Delain, dont c’est une des toutes premières prestations depuis le mariage de sa chanteuse Charlotte Wessels durant l’été. Chaque concert de la formation néerlandaise créée par Martijn Westerholt (claviers) à Zwolle il y a plus de dix ans maintenant est une fête totale: tant Timo Somers et Merel Bechtold aux guitares, que Otto Schimmelpenninck à la basse et Ruben Israel à la batterie (pour une des dernières fois car il a décidé de quitter Delain) se dépensent sans compter pour assurer le spectacle autour de Charlotte.
Delain sur scène, c’est une suite impressionnante de tubes plus entraînants les uns que les autres. En fait, les spécialistes du métal mélodique populaire déclinent 17 titres pour le plus grand bonheur des fans présents en nombre dans le public: «Hands of Gold», «Go Away», «The Glory and the Scum», «Get the Devil Out of Me», «Nothing Left», «The Hurricane», «Army of Dolls», «Danse Macabre», «Here Come the Vultures», «Fire with Fire», «Sing to Me», «Control the Storm», «Sleepwalkers Dream», «Not Enough» et en rappel «Mother Machine», «Don’t Let Go» et «The Gathering».
Le secret du succès de Delain est le fruit d’une alchimie complexe entre des compositions accessibles (sans jamais tomber dans la facilité), le charme-charisme-talent de sa vocaliste Charlotte Wessels et la participation active des autres membres du groupe: Otto et Timo n’hésitent pas à chanter des parties en voix extrême, tandis que tous les musiciens participent aux backing vocals, sans parler des parties de headbanging et autres mouvements frénétiques pour inciter le public à participer pleinement à la fête. Dire que les rouages de la machine Delain sont bien huilés serait un euphémisme de bas étage. Au fil du temps, Delain est devenu une véritable machine de guerre, d’une efficacité redoutable pour mettre une salle en feu et susciter l’engouement du public. Charlotte Wessels et les siens savent comment prendre le public par les sentiments et ce dernier ne se fait pas prier. Résultat: une ambiance de folie tant sur la scène que dans la salle. Bref, la tête d’affiche idéale !
La soirée se termine par une prestation du groupe allemand Revolution Eve dans la petite salle, mais une grande partie du public a déjà quitté les lieux à la fin du concert de Delain.