Future Islands : à la recherche de la pop song parfaite
Sans changer leur style d’un iota, les p’tits gars de Future Islands ont fini par décrocher la timbale avec leur quatrième album en 2014. Trois ans plus tard, ils ont confirmé leur popularité en se produisant deux soirs d’affilée à l’Ancienne Belgique en support de « The Far Field », leur nouvelle plaque. Retour sur la prestation de ce samedi 11 novembre. Une soirée entamée sur les chapeaux de roue avec Zack Mexico, le groupe qu’ils ont choisi d’inviter en support de leur tournée européenne. Imaginez la voix de Damon Albarn dans le corps de Mike Patton au sein d’un environnement commandité par Thee Oh Sees et vous serez plus ou moins dans le bon. À l’instar du projet de John Dwyer, deux batteurs complémentaires impriment une rythmique infernale sur laquelle trois guitares et une basse viennent se greffer. Virtuoses à leur manière, ils prennent clairement leur pied sur scène, principalement lors des longues parties instrumentales franchement psyché. Ils ne devraient plus rester dans l’ombre très longtemps.
Samuel T. Herring et ses camarades de Future Islands ont quant à eux mis un certain temps à s’extirper de l’anonymat relatif qui était leur quotidien jusqu’à cette fameuse prestation au Late Show de David Letterman qui changera la donne et les propulsera du même coup parmi les révélations de 2014. Difficile à croire que « Singles », la plaque qu’ils publieront dans la foulée, le sera initialement sans l’aide d’un label…
Les choses ont bien changé depuis puisque « The Far Field », leur cinquième album, est sorti au printemps dernier chez 4AD et a été produit par John Congleton (qui a une patte dans les derniers St. Vincent et Alvvays notamment). Un album qui surfe sur la même formule que ses prédécesseurs si ce n’est peut-être l’évidence mélodique en moins, dans un premier temps en tout cas. Syndrome dont souffrira leur prestation à Werchter cet été notamment.
Cela ne les empêchera toutefois pas de s’y plonger juste après un speech d’introduction du chanteur (qui arbore désormais une pilosité faciale parfaitement structurée), plus que jamais reconnaissant envers un public qu’il allait régaler durant les nonante minutes suivantes. « Ran » et surtout « Time On Her Side » seront ainsi les moments les plus représentatifs d’un début de concert caractérisé par des projections lumineuses sobres sur un immense drapeau blanc que l’on dirait granuleux. Sobres, certes, mais efficaces à l’instar des ombres chinoises qui défileront pendant « Inch Of Dust » un peu plus tard.
Bien entendu, c’est le leader qui sera l’attraction de la soirée. Samuel T. Herring, c’est un peu le mec bourré sur la piste de danse à un mariage sur le coup de 2h du matin. French cancan, pole dancing, limbo, déhanchements suggestifs, tout y passera. Le genre de type qui ne tient pas en place et vit ses compositions à fond. Était-il comédien, mime ou gymnaste dans une autre vie ? Ou peut-être chanteur d’un groupe de trash metal vu les grognements monstrueux qui émailleront sporadiquement certains titres. Ou encore doubleur de dessins animés comme le suggérera « Long Flight » interprété à la manière de La Belle et la Bête. Bref, il sait tout faire…
Derrière lui et forcément (très) effacés, le reste du trio composé de Gerritt Welmers, claviériste très propre sur lui (petite chemise et raie sur le côté comprises) dont les nappes forment l’ossature de la majeure partie des titres et de William Cashion, excellent bassiste (ses parties seront essentielles sur les excellents « Light House » et « Cave » notamment. Ils sont accompagnés d’un batteur de tournée qui aura lui aussi son mot à dire.
Généralement assez disco-pop (« North Star », « Seasons (Waiting On You) »), les compositions peuvent parfois prendre une direction brute et brouillonne (« Walking Through That Door ») mais aussi émouvante. Ainsi, « A Song For Our Grandfathers » rend hommage à ceux partis au champ de bataille sans jamais en revenir. Un moment poignant en ce jour d’Armistice. Un peu plus tard, les lancinantes nappes de synthé de « Tin Man » enchaînées à une version parfaite de « Spirit » clôtureront le set principal.
Les rappels seront entamés de manière retenue par un « Fall From Grace » lorgnant vers le « Space Oddity » de David Bowie. Une boule à facette descendra ensuite du plafond de la scène pour un final disco aux projections colorées hypnotiques qui émailleront « Vireo’s Eye » suivi de « Beach Foam », apparemment le tout premier titre composé par Future Islands en janvier 2006. Précisons que la set-list de la veille était différente, bonus non négligeable pour un groupe qui n’est finalement pas arrivé là où il se trouve par hasard…