Nuits du Bota 2017 : Sainte An Pierlé
Le Bota a de la suite dans les idées. L’année dernière, An Pierlé avait ouvert les Nuits à l’église des Dominicains. Cette année, elle les a clôturées dans celle de Notre-Dame de Laeken, un édifice au moins aussi majestueux.
Un édifice qui abrite notamment la crypte dans laquelle reposent les souverains belges. Ceci dit, le but n’était cette fois pas de leur rendre hommage mais de se laisser envoûter par une artiste dont le dernier projet en date consiste à incorporer de l’orgue, instrument sacré par excellence, dans ses compositions. Elle a d’ailleurs sorti tout récemment « Cluster », deuxième volet d’une trilogie entamée l’an dernier avec « Arches », en partie enregistré dans l’église Sint-Jacobs de Gand, sa ville natale.
Après une première partie assurée par La Jérôme qui a subjugué l’assemblée de sa solide voix soul et sucrée (on pense beaucoup à Selah Sue) simplement accompagnée d’un guitariste discret assis à ses côtés, la fluette chanteuse blonde est apparue en claquant des doigts avant de se lancer dans « Feel For The Child ». Ses musiciens, dont son barbu Koen Giesen de mari derrière la batterie, l’organiste Karen De Wilde et deux choristes qui se font face, l’ont précédée en se plaçant autour de son piano aux alentours duquel se trouve le traditionnel ballon de plage qui lui sert de siège.
Derrière ce petit monde sont disposés des vitraux portables avec, au pied de ceux-ci, une boule à facette qui sera astucieusement utilisée pour refléter des effets lumineux tout simplement époustouflants, utilisant pleinement les espaces du bâtiment néo-gothique. Un spectacle visuel qui va venir se greffer sur des atmosphères divines que l’orgue va transcender via « Road To Nowhere et « The Golden Dawn » notamment. Seul petit bémol, contrairement à l’année dernière, les instruments de l’endroit ne seront pas utilisés.
Ceci dit, l’intensité sera belle et bien présente tout au long d’un set parfait qui la verra se balader exclusivement dans ses deux productions les plus récentes. Celles-ci regorgent de perles délicates qui vont prendre une dimension supplémentaire ce soir, sublimées par un environnement grandiose. Visiblement, le fait de se trouver à deux pas de l’autel va l’inspirer pendant que sa voix d’ange illuminera « Certain Days », « Dragon JM » ou autre « Sovereign » (de circonstance…). Mais le groupe va également s’octroyer des petits écarts comme sur ce « Vibra » aux légères touches electro trip hop à rendre jaloux Archive.
Revenons un moment à Koen Giesen qui va non seulement assurer la rythmique tout en douceur mais également se fendre de parties de clarinette (le prenant « Birds Love Wires ») et de guitare le plus naturellement du monde. Ou le yin sérieux du couple alors que le yang (Pierlé) va se prendre un délire en allant chercher des spectateurs dans les premiers rangs et les placer sur scène pour une dernière cène toute personnelle comprenant des danseurs, des fans en délire couchés à même le sol, des biches et même une petite fille qui aura le plaisir de s’asseoir sur le fameux ballon avant de vivre « There Is No Time » à ses côtés.
Les rappels vont quant à eux permettre à la chanteuse de peaufiner son sens de l’humour (sa promo en guise de prière valait le détour) mais surtout de clôturer son set d’une manière tout simplement parfaite. « Changing Tides » va ainsi nous laisser bouche bée avec des choristes au top. Mais c’est sa somptueuse cover du « Such A Shame » de Talk Talk, seule au piano entourée de ses musiciens, qui nous enverra au ciel, accompagnés de frissons soutenus. L’An(ge) a encore frappé.