Johnny Marr and The Healers à l’Orangerie, Botanique, 30 mars 2003
Le concert de ce soir coïncidait avec le passage à l’heure d’été. Vers 20h15 retentit le signal de sonnette si caractéristique de l’Orangerie annonçant le début du concert…on se croirait presque au théâtre! L’entrée en matière est assurée par Mellowdrone. Accompagné d’un séquenceur dans un premier temps puis d’un batteur en chair et en os, le jeune américain balance un rock furibard, original et artisanal, mélangeant les atmosphères calmes et violentes. Son EP, ironiquement intitulé « A Demonstration of Intellectual Property » est disponible gratuitement sur son site www.mellowdrone.com- sautez sur l’occasion pour le découvrir !
Une heure après, c’est au tour du gars Marr de monter sur scène. On peut rappeler que depuis la séparation du groupe en 1987 (eh oui ça fait loin), l’ex-guitariste des Smiths a collaboré notamment avec Bryan Ferry, The The, Neil Finn, Oasis, Beck et a formé Electronic avec Bernard Sumner de New Order.
Autour de lui, notons la présence d’Alonza Bevan à la basse (ex Kula Shaker), et surtout de Zak Starkey, le fils de Ringo Starr en personne, officiant sur une batterie avec deux grosses caisses !
La chemise noire, la coupe de cheveux noire jais, mâchouillant un chewing-gum (est-ce pour compenser l’absence de cigarette?), Johnny Marr aborde le concert avec une décontraction très british. Les trois premiers titres s’enchaînent tranquillement, un peu mollement peut être. Les choses s’arrangent vite avec le single « Down on the Corner », et sa mélodie accrocheuse. Vient ensuite un morceau non présent sur le nouvel album, « All out attack » et on rentre dans le vif du sujet. Comme le suggère le titre, la guitare est fougueuse, le tempo s’accélère, adouci par les voix de Johnny et de ses acolytes qui s’élèvent avec de beaux effets d’écho. Le jeu de batterie puissant et fin de Starkey prend ici toute sa dimension. Le son est parfait.
On enchaîne ensuite avec une ballade superbe, « Don’t think twice ».
Au bout d’une heure et quart de concert, et de six changements de guitare (sic), on aura droit à deux rappels : un morceau contre la guerre (« Something to shout about ») et « Banging On », single plus connu que le public attendait.
Quand les lumières se rallument, on s’étonne finalement que la réunion musicale du fiston de Ringo Starr et de l’ex guitariste-compositeur d’un groupe aussi majeur que les Smiths n’ait pas attiré plus de gens dans la salle déjà peu vaste de l’Orangerie.
A la sortie du concert, j’attends une petite vingtaine de minutes pour pouvoir réaliser une courte interview de Johnny Marr, sans magnéto, que je vais tenter de retranscrire.
MiB – Pourquoi n’as-tu pas chanté de chansons des Smiths pendant ton concert ?
J.M. – (Un peu agacé) Pourquoi aurais-je dû ? C’est du passé tout ça…
MiB – Ce que tu fais avec les Healers est en tout cas plus rock, non ?
J.M. – Non, je suis pas d’accord, réécoute par exemple « Shoplifters of the world » ou « How soon is now”, c’était rock…
MiB – (Moi, visiblement à coté de la plaque) Effectivement, mais qui peut dire ce qui est rock ou ce qui ne l’est pas ?
J.M. – Ecoute mec, non, on sait ce qui est rock, et ce qui ne l’est pas…
MiB – (J’enfonce le clou) Est-ce que tu suis la carrière de Morrissey ?
J.M. – Non, enfin pas vraiment, je ne la suis pas mais je ne l’ignore pas non plus…et puis ça fait longtemps qu’il a plus sorti de disque je crois…dis donc, t’as pas d’autres questions en dehors des Smiths et de Morrissey, parce que pour être honnête, on me demande toujours la même chose à chaque interview et je commence à trouver ça franchement ennuyant.
MiB – (Je me rattrape de justesse) La première chanson que tu as chanté en rappel évoquait la guerre n’est-ce pas?
J.M. – (Son visage s’illumine-enfin) « Something to shout about »… je crois que tout être sain d’esprit et doté de bon sens est contre la guerre pas vrai ?
MiB – Enfin ma dernière question : quel est selon toi le meilleur groupe du moment ?
J.M. – (Sans hésiter) God Speed You Black Emperor ! Ils sont vraiment très bons! Tu connais ?
Bien sûr que je connais, pensais-je alors sans rien lui dire. Je devrais peut être ré-écouter, mais je dois dire que je ne partage pas son enthousiasme.
Puis il me quitte en me serrant fermement la pogne… un vrai pote! Même s’il m’a un peu secoué au départ, je suis content de la tournure générale de l’interview. Un petit regard à ma montre: quoi, déjà 23 heures? C’est que je bosse moi demain, et ma fiancée, qui s’est sacrifiée pour rester à la maison et garder notre petite fille, doit commencer à s’ennuyer ferme. Qui sait, Juliette n’a que 5 mois pour l’instant, mais peut-être que plus tard elle écumera les concerts pour écrire des chroniques comme son papa…
Hello Olivier, j’espère que Juliette t’accompagne aux concerts maintenant qu’elle a l’âge de raison. As-tu assisté au concert de Kula Shaker en fév. au Bota? C’était génial! et le fiston de Alonza Bevan y était aussi! La vidéo Drink Tea est nominée au Festival d’Animation d’Annecy (9 au 14 Juin) http://www.youtube.co.uk http://www.annecy.org BYE, Félicity