AB Jazz 100 : Kadhja Bonet, une graine de star
Afin de célébrer comme il se doit le centième anniversaire de la sortie du premier disque de jazz, l’Ancienne Belgique a décidé de lancer Jazz 100, un cycle destiné à mettre ce style à l’honneur tout au long de cette année. Ce mardi 28 février, la prometteuse Kadhja Bonet était l’une des premières artistes à se produire dans ce cadre. Arrivés dans le Club, le traditionnel DJ qui officie habituellement au-dessus du bar avait laissé sa place à Mr Serge 78rpm qui, comme son nom l’indique, ne travaille qu’avec de véritables 78 tours vintage, quasi au milieu du public. Original autant qu’étrange et excellente introduction à Marie Davy, chargée d’assurer la première partie.
Arborant une coiffure rebelle rappelant à la fois Madonna et Cyndi Lauper dans les années 80, elle va officier seule, alternant deux claviers en support d’une voix chaleureuse avec laquelle elle va raconter ses petites histoires en musique (notamment sur ses aventures à Paris). Peu à l’aise avec son matériel, elle compense avec un sens de l’humour aiguisé et un contact aisé avec le public. Retenons également son excellente interprétation du « Two Doors » de Dirty Projectors, l’une des deux covers ayant émaillé son set (l’autre étant « Le jour se lève » de Yael Naim).
Adulée par Les Inrockuptibles qui l’ont classée parmi leurs 25 espoirs pour 2017, la Californienne Kadhja Bonet vient de sortir « The Visitor », un premier (mini) album qui place déjà la barre à un niveau particulièrement élevé. Piochant autant dans le jazz que dans la soul avec des incursions dans le folk, elle fait la différence grâce à une voix envoûtante qui forge le respect, comme sur « Honeycomb », parfaite introduction de sa prestation.
Accompagnée d’un très bon guitariste (son bras droit, visiblement), d’un bassiste au son distingué et d’un batteur hésitant (apparemment, il est nouveau dans le groupe), la chanteuse à la chevelure bouclée et au charmant sourire va dans un premier temps faire rêver son auditoire, guitare à la main. Ses compositions chaleureuses et romantiques (« Fairweather Friend », « This Love ») touchent en effet en plein cœur. On pense à Dionne Warwick, à Minnie Ripperton (« Nobody Other ») ou même à Dusty Springfield (« Tears For Lamont »). Elle reprend d’ailleurs avec beaucoup de conviction le « I Wanna Be A Free Girl » de cette dernière.
Malheureusement, la formule a tendance à s’essouffler quelque peu et la seconde partie du set paraîtra un peu trop longue, malgré quelques éclairs lumineux (« The Visitor » et ses influences orientales, « Francisco »). Sans oublier cette somptueuse version dépouillée du « Yesterday » des Beatles en duo voix et basse en guise de final. Si un set de 45 minutes intenses aurait sans doute été plus approprié, il convient néanmoins de garder un œil sur une artiste au potentiel certain.