Daan en mode Nada
La sortie d’un album de Daan s’apparente toujours à un événement. On ne soupçonne en effet jamais la direction qu’il va emprunter tout en sachant pertinemment bien que l’on sera à la fois séduits et surpris. C’est une nouvelle fois le cas avec « Nada », une nouvelle plaque dans laquelle il incorpore des influences hispaniques. Il se produisait à l’Orangerie du Botanique ce dimanche 11 décembre pour célébrer l’événement.
Outre le fait qu’il s’agisse d’une anagramme de Daan, « Nada » est le résultat d’un voyage avec son ami photographe Peter De Bruyne dans le nord de l’Espagne, quelque part entre Saragosse et Madrid. Un endroit désert qui a servi de décor à De Nada, un documentaire réalisé par la cinéaste Christina Vandekerckhove. Il n’en fallait pas plus pour donner au chanteur l’inspiration qui le verra composer la BO dudit documentaire et poser les bases de ce qui allait devenir son septième album.
Il était en tout cas vivement conseillé de ne pas arriver en retard car non seulement la ponctualité du bonhomme n’est plus à démontrer mais il n’y avait surtout pas de première partie au programme. Les retardataires ont juste eu quelques minutes de répit pour se frayer un chemin à travers la foule, le temps du mystérieux instrumental « Fermavida », qui servira d’introduction à la prestation de ce soir avant que l’ami Stuyven et son groupe ne s’embarquent dans l’interprétation intégrale de « Nada ».
Barbe grisonnante et lunettes de soleil sur le nez, Daan fera de « Wrong Heart » un premier sommet, via sa voix de crooner. Mais la particularité sera que le bassiste Jean-François Assy (qui s’apprête à partie en tournée avec Christophe) l’illuminera d’une guitare acoustique. Il reprendra son instrument de prédilection dès l’entame de « Nontrol » pour ne le quitter qu’à de très rares occasions. C’est à ce moment que l’on remarquera un pupitre sur lequel le chanteur posera régulièrement les yeux. Et pour cause, les textes y étaient déposés en guise d’aide-mémoire.
Derrière lui, la fidèle et souriante batteuse Isolde Lasoen va dicter sa rythmique tout en testant de nouveaux gadgets et en assurant les chœurs. Il est vrai qu’elle a l’habitude de jouer de plusieurs instruments à la fois avec toute la grâce qui la caractérise. Le guitariste Geoffrey Burton, lui, va rester fidèle à sa six cordes et finira par se lâcher, ce que la petite scène de Chez [PIAS] lors de la présentation officielle de l’album fin du mois dernier ne lui avait pas permis, générant un fifrelin de frustration dans son chef. Rien de tout cela ce soir, il participera grandement aux atmosphères menaçantes de « Temptation » et à la puissance de « Blurred » en crescendo.
Quant au claviériste Jeroen Swinnen, il fera swinguer « Seven Lives » et surtout l’instrumental « Propellor », un des nombreux titres basés sur des ambiances sonores que l’auditeur peut imaginer en fermant les yeux (les flippants « Wheel » et « Tormenta » en étant deux exemples parfaits). Malheureusement, les plus faibles « Damaged Goods » et « King Of Nothing » vont faire retomber l’attention, même si l’humour multilingue de Daan va régaler l’auditoire, à l’instar de ses anecdotes sur la genèse des nouvelles compositions.
À ce propos, il manque peut-être un tube à « Nada », même si « Friend », le single avant-coureur, s’en rapproche. Finalement, c’est peut-être l’improbable « Bala Perdida », chanté en espagnol et en duo avec Isolde sur une rythmique cheap très eighties (genre instrumental de karaoké) qui remportera le plus de suffrages en guise de clôture du set principal.
Mis à part l’excellent « La Vraie Décadence » littéralement porté par une basse ronflante et qui verra Daan se rouler par terre pendant son final, les généreux rappels feront la part belle à « Manhay », l’album de 2009. Sans surprise, le très western « Icon » et l’hymne « Exes » sortiront vainqueurs à l’applaudimètre mais les interprétations de « Brand New Truth » et du particulièrement enlevé « Decisions » tireront leur épingle du jeu. Olé !