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La face délicate de Therapy?

Au terme de la tournée qui les a vus défendre « Disquiet », leur quatorzième album, les Irlandais de Therapy? se sont fixés un nouveau défi : mettre sur pied une tournée acoustique. Ils sont venus présenter le fruit de leur travail ce mercredi 23 novembre à l’Orangerie du Botanique, sous l’intitulé Wood & Wire Acoustic Tour.

Jamais à court de bonnes idées, les organisateurs ont demandé aux déjantés Romano Nervoso d’assurer la première partie en s’adaptant au thème de la soirée. Ceci dit, les natifs de La Louvière n’ont pas tout à fait respecté les consignes puisque leur set, quoiqu’un rien dépouillé, sera presqu’aussi brut qu’à l’accoutumée, la différence notoire résidant dans le line-up.

En effet, seuls deux membres du groupe se trouvent sur scène : le charismatique chanteur barbu (non maquillé mais arborant sa combinaison blanche) qui assume en parallèle le rôle de batteur ainsi que le guitariste dont l’instrument se nourrit contre toute attente d’une bonne dose d’électricité. Une version unplugged toute relative donc, qui n’a en rien altéré les compositions rock ‘n’ roll du groupe, ni ses origines que le leader manie avec beaucoup d’humour (cet inimitable « Mangia Spaghetti »). Epinglons au passage leur medley dédié à quelques icônes disparues de ces derniers mois, alliant « Ace Of Spades », « Rebel Rebel », « Kiss » et… « Sunday Bloody Sunday ». Quand on vous dit qu’ils ont beaucoup d’humour…

Si Andy Cairns, le leader de Therapy? avait déjà expérimenté les joies d’un set acoustique (sa prestation à la Rotonde en 2013 valait le détour), il s’agissait d’une première pour le groupe Nord-Irlandais dans son ensemble. Il est vrai que leurs compositions nerveuses à souhait génèrent traditionnellement pogos et stagedivings, raison pour laquelle on était curieux de voir la direction qu’elles allaient emprunter suite à une relecture adoucie.

Autour d’un Andy jovial au regard démoniaque, on retrouve Michael McKeegan qui maniera exclusivement des basses acoustiques et le batteur Neil Cooper qui, pour la petite histoire, avait joué son premier concert belge au sein du groupe dans cette même salle en mai 2003. Tout ce beau monde est sagement assis sur scène dans une ambiance feutrée au moment où va résonner « Trigger Inside », le premier titre du set.

L’avantage de ce genre d’exercice (et d’un groupe comme Therapy? qui a plus de vingt-cinq ans de carrière), c’est que les musiciens peuvent aller puiser dans un riche back catalogue et en extraire des titres peu ou pas joués récemment. Ainsi, « Our Love Must Die » (une face B) et « Disgracelands » (un extrait de « Nurse », l’album de 1992 généreusement revisité ce soir) vont mettre en place une prestation captivante, même si perturbée çà et là par quelques spectateurs dissipés.

Le moins que l’on puisse affirmer, c’est que le leader se trouve dans une forme olympique. Prolixe à souhait, il ne sera pas avare en anecdotes. On apprendra notamment qu’« Evil Elvis » sera le premier titre enregistré pour « Troublegum » mais ne sera finalement pas retenu dans le tracklisting, qu’ils ont allégrement abusé des substances illicites au début de leur carrière et que le leader est un fan absolu d’Eden Hazard (il avait d’ailleurs à proximité une canette de bière à l’effigie du joueur belge avec laquelle il délirera).

Parmi les nouvelles versions des titres joués ce soir, on retiendra tout particulièrement un bouleversant « Gone », un surprenant « Living In The Shadow Of The Terrible Thing » et un méconnaissable « Still Hurts ». Vous le voyez, ils n’ont pas choisi la facilité, ne se contentant pas de jouer les hits mais piochant dans la majeure partie de leurs albums.

Bien entendu, « Troublegum » et « Infernal Love », leurs deux classiques du milieu des nineties, fourniront la majeure partie du set. Ainsi, les spectateurs ne se priveront pas de chanter à tue-tête sur « Stories » et « Nowhere » alors qu’un « Die Laughing » plein d’anticipation mettra un terme au set principal d’époustouflante manière.

Les rappels vont quant à eux continuer de faire grimper la température. À un « Potato Junkie » plus soft mais aussi hargneux dans la voix succèderont une version à tomber de « A Moment Of Clarity » et une autre assez déstabilisante de « Loose » alors que la basse de « Diane » métamorphosera le titre d’Hüsker Dü. Mais « Knives » façon bossa nova (en tout cas au début) va démontrer si cela était encore nécessaire que ces gars-là sont de fameux musicos. Quant aux riffs de « Screamager », ils seront carrément chantés par le public. On a coutume de dire qu’une grande chanson reste une grande chanson peu importe sa version. Dans le cas de Therapy?, il s’agit d’une évidence…

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