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Interview de Kobra Paige


Grâce à notre collaboration avec Hardlife Promotion, Music In Belgium a pu rencontrer la chanteuse Kobra Paige du groupe Kobra And The Lotus, de passage au Trix à Anvers le dimanche 6 novembre dernier.



MIB: Bonjour Kobra et merci de nous accorder cet entretien. Tu es actuellement en tournée avec ton groupe Kobra And The Lotus. Comment se passe la tournée? Avez-vous eu l’occasion de jouer dans des endroits où vous n’étiez jamais allés auparavant?

Kobra: Cette tournée nous a permis de découvrir des pays et des villes où nous n’avions jamais joué précédemment, comme hier à Lille chez vos voisins du Nord de la France. Le concert d’hier était fantastique: le public nous a réservé un accueil incroyablement chaleureux et l’ambiance était excellente. Mais cette tournée m’a fait aussi réaliser qu’il y a encore de nombreux endroits où j’aimerais revenir avec le groupe en tournée.

Quand on voyage comme nous le faisons actuellement, on se rend compte qu’il y a beaucoup de gens réceptifs à notre style de musique et plein d’endroits où nous pourrions nous produire sur scène. Mais pour revenir à la question de départ, c’est une tournée géniale !

MIB: Tu as déjà beaucoup voyagé avec Kobra And The Lotus. Pour des artistes comme toi et tes musiciens, y a-t-il des différences marquées entre le public nord-américain ou canadien et le public d’autres continents comme l’Europe, l’Amérique du Sud ou l’Asie ?:

Kobra: Il y a des différences, c’est certain, et même à une plus petite échelle. Cette tournée européenne m’a montré que le public est différent d’un pays à l’autre. À Madrid par exemple, le public était enflammé dès la première note. Le concert a baigné dans une ambiance de feu! Mais nous avons connu des expériences similaires en Allemagne, aux États-Unis ou aussi à Toronto au Canada. Le public parisien en revanche avait l’air d’observer ce qui se passe et se manifestait moins. En fait, on retrouve des catégories de personnes similaires dans tous les pays. Et parfois on est confronté à un public très hétérogène au sein d’un même pays.

Mais ce n’est pas parce qu’un public est moins réactif qu’il ne prend pas plaisir au concert. J’ai connu des concerts en Finlande notamment où les gens ont adoré le concert mais ont fait preuve d’une plus grande retenue. Ils sont simplement moins expansifs.


MIB: D’une manière générale, préfères-tu jouer dans le cadre d’un festival ou d’une tournée comme celle-ci où vous partagez l’affiche avec deux autres groupes (Evergrey et Delain), ce qui vous donne peut-être un créneau de scène plus long?

Kobra: Je n’ai aucune préférence. J’aime les deux. Ce sont en fait deux choses totalement différentes. Dans le cadre de cette tournée-ci, notre rôle est de chauffer la salle. C’est nous qui montons sur scène en premier lieu et notre boulot, c’est d’essayer de faire bouger le public. En revanche, dans un festival, le public est en tension constante parce qu’il y a des fans pour chacun des groupes à l’affiche. Vous n’êtes pas simplement le groupe d’ouverture de programme ou un nouveau groupe qui cherche à se faire un nom. Beaucoup de gens vous connaissent déjà, ce qui permet de mieux interagir avec la foule. Ce sont donc deux expériences très différentes, mais tout aussi nécessaires l’une que l’autre.

MIB: Sur scène, tu interprètes le nouveau single «Triggerpulse» qui figurera sur le prochain album qui sortira l’année prochaine. Que peux-tu nous dire du nouvel album «Prevail I & II» ?

Kobra: «Prevail I & II» sera un album très varié, allant du heavy traditionnel au heavy métal qui nous a fait connaître du public. La musique de cet opus est sans doute la plus complexe et technique que nous ayons créée à ce jour. Cet album permet à Jasio (Kulakowski) d’illustrer toutes les facettes de son talent de guitariste. Même chose pour Jake Dreyer qui s’est vraiment lâché avec sa guitare. De mon côté, j’explore aussi des nouvelles facettes de ma voix. J’ai apporté plus de texture et j’exploite aussi d’autres secteurs de ma tessiture.



MIB: Le groupe vient de changer de label. A-t-il été simple de le convaincre de vous laisser commencer d’emblée par un double album alors que le marché du disque plutôt déprimé?

En fait, cela n’a posé aucun problème. J’ai eu du mal à le croire mais ils n’ont vraiment fait aucune difficulté. Ils ont juste voulu concevoir une stratégie optimale pour encadrer la sortie de l’album. C’est ainsi qu’ils ont eu l’idée – brillante selon moi – de sortir l’album en deux parties. J’ai hâte d’y être!

MIB: Le groupe existe depuis 7 ans. En quoi votre musique a-t-elle évolué au fil du temps?

Kobra: Je pense que notre musique a vraiment changé. Sur le premier album («Out Of The Pit» – 2010), notre musique est celle d’une bande de jeunes, empreinte de glam et de métal, basée sur des mélodies hyper classiques. Et puis, il y a eu un clip qui a marqué un véritable tournant dans notre orientation musicale : «Welcome To My Funeral»

Ce morceau, c’est moi qui l’ai entièrement écrit (musique et paroles). Et je me suis dit que c’était la direction dans laquelle je voulais aller. Ce choix a provoqué des fractures au sein du groupe. Ensuite est arrivé le second album («Kobra And The Lotus» – 2012), un album de heavy metal pur. Son successeur («High Priestess» – 2014) est également un album de heavy metal, dans une forme plus affinée. On y entend clairement que nous avions plus d’expérience et de maturité. Un morceau comme «Hold On» illustre fort bien notre quête d’un son unique qui servirait de marque de fabrique à KATL. Mais nous n’avions pas encore tout à fait trouvé notre son à nous.

Aujourd’hui, mon ambition est de proposer une musique hard rock/heavy metal dans un style reconnaissable entre tous pour le grand public. Ce n’est pas facile de trouver sa marque de fabrique. Il y a tellement de groupes et d’artistes. Pour ainsi dire tout a déjà été fait. C’est un peu comme en peinture. Tout le monde utilise les mêmes couleurs, mais il faut arriver à créer une image, un style graphique clairement identifiable.

«Triggerpulse» est un pas supplémentaire vers ce style plus personnel qui définit KATL. Je pense que plusieurs morceaux de ce double album vont contribuer à nous forger notre identité musicale.

MIB: Pour en revenir au nouvel album, est-ce que tu peux nous dire comment se déroule le processus d’écriture ?

Kobra: Dans le passé, j’écrivais certaines chansons et je coécrivais la musique avec d’autres compositeurs. C’est toujours moi qui me suis occupé des textes et des lignes de chant. Mais sur le nouvel album, je n’ai absolument pas participé à l’écriture musicale. J’ai dit aux garçons qu’ils devaient mettre le paquet et tout donner dans l’écriture pour arriver au meilleur résultat possible. Jasio Kulakowski a fait un boulot formidable en écrivant des musiques incroyables. Pour ma part, je me suis occupé des textes et des lignes de chant. Un Danois appelé Marten nous a également aidé à l’écriture de cet album.

Mais notre manière d’écrire et de composer évolue. À l’époque où nous avons enregistré «Words Of The Prophets» (NDLR : en 2015), je voulais faire comme dans les 70’s. à cette époque, les artistes entraient en studio sans trop de préparation et composaient sur place. Nous avons voulu tenter l’expérience. Notre producteur en a eu les cheveux qui se dressent sur la tête. Il ne pensait pas que j’étais sérieuse. Je lui avais dit lors d’une réunion que c’est ce que nous ferions et il avait marqué son accord. Mais quand nous avons débarqué avec quelques idées et rien de vraiment abouti, il a eu un peu de mal à avaler la chose. Pendant un mois, nous n’avons pas arrêté d’écrire. Nous ne dormions pour ainsi dire pas. J’étais dans un état second dû au manque de sommeil. Pourtant, cette période a été assez créative et le résultat est assez excitant.


MIB: Y a-t-il des sujets qui te tiennent particulièrement à cœur et qui se réinvitent régulièrement dans les chansons de KATL?

Kobra: S’il y a un thème récurrent, c’est sans doute celui de l’expérience humaine. Dans le nouvel album, les textes ont un côté moins narratif et beaucoup plus personnel. Les plaies sont à vif. Les thèmes sont la confiance en soi, le deuil quand on a perdu un être cher… On retrouve dans cet album tout le spectre des émotions humaines : l’amour, le bien et le mal… J’ai par exemple écrit «Victim», qui parle d’une personne très déstabilisée. En fait, je me suis inspirée d’une personne qui a eu une grande importance dans ma vie et quand j’ai eu fini d’écrire ce titre, je me suis dit que cette chanson parlait aussi de moi.

MIB: Beaucoup d’artistes américains n’ont pas hésité à prendre parti dans le cadre de l’élection présidentielle. Penses-tu que ce soit le rôle d’un artiste?

Kobra: S’ils pensent qu’ils ont à le faire et à faire passer un message, qui suis-je pour dire qu’ils n’ont pas à faire cela. Moi, la politique, ce n’est pas mon truc. Mon but, c’est de réunir les gens, de les attirer en leur proposant une forme d’art qui les interpelle. La politique divise plus qu’elle ne réunit.



Quels sont les artistes qui t’ont le plus influencée dans ta carrière musicale?

Kobra: Aussi surprenant que cela puisse paraître, la musique que je préfère et à laquelle je reviens toujours, c’est Led Zeppelin et Fleetwood Mac (avec des titres comme «Rhiannon» et «Dreams»).
MIB: Parviens-tu à vivre aujourd’hui de ta musique?

Kobra: Non. Pour dire la vérité, nous en sommes même fort loin. C’est d’ailleurs toute la difficulté parce qu’il est parfois difficile de se motiver à continuer. Si nous faisons cette tournée, c’est dans l’espoir de rencontrer un nouveau public et de séduire de nouveaux fans. Nous ne pourrions pas faire une tournée comme headliner, parce que des concerts certains soirs devant 20 ou 30 personnes représenteraient une perte sèche sur le plan financier. Non pas que cela nous dérange de jouer devant un public restreint, mais cela n’est pas viable à terme. Notre seule option est donc de continuer à jouer comme support d’autres groupes en espérant continuer à grandir de manière «naturelle». Il est donc important que nous puissions jouer le plus possible pour nous faire connaître dans le plus grand nombre d’endroits possibles. Notamment en Belgique et dans les pays voisins.

MIB: Merci pour cet agréable entretien et à très vite sur scène !

Kobra: Merci à Music In Belgium et je donne rendez-vous à tous vos lecteurs sur scène ce soir ou lors de notre prochaine tournée.

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