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Retour en forme pour Mercury Rev au Bota

Aussi surprenant que cela puisse paraître, « The Light In You » est le premier album de Mercury Rev depuis sept ans. On les attendait plutôt à l’AB mais c’est à l’Orangerie du Botanique qu’ils sont venus le présenter ce dimanche 8 novembre. Quoi qu’il en soit, il était conseillé de ne pas arriver en retard car ils avaient demandé à Nicole Atkins d’ouvrir pour eux à l’occasion de cette tournée européenne. Cette dernière n’a sans doute pas hésité longtemps avant d’accepter, elle qui se destinait à une carrière country avant de changer d’avis en découvrant l’album « All Is Dream » et de devenir une inconditionnelle du groupe emmené par Jonathan Donahue. Un demi-tour radical qui ira jusqu’à lui inspirer une composition intitulée non sans humour « I Don’t Know What Country Is But I Know What Country Was » qu’elle fera chanter avec enthousiasme aux spectateurs ce soir.

Petit bout de femme attachant à la chevelure soyeuse dotée d’une voix magistrale que sa guitare accompagne parfaitement, elle se partage entre deux micros (un pour le chant et un autre pour les onomatopées). Si sur disque (on vous conseille son dernier album, « Slow Phaser »), elle se fait accompagner de musiciens triés sur le volet, ses compositions en versions dépouillées font plus que se défendre et apportent même une face émotionnelle à laquelle il est difficile de ne pas succomber. Sans parler de sa cover parfaite du « Crying » de Roy Orbison qui ne sera pas loin de surpasser l’originale.

Avouons-le, Mercury Rev nous devaient une revanche après leur faible prestation au Cirque Royal en 2011 lorsqu’ils avaient célébré la réédition de leur chef d’œuvre « Deserter’s Songs » sans le moindre éclat. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et ils ont pris une certaine indépendance. « The Light In You » est en effet le premier album du groupe auquel le bassiste et producteur Dave Fridmann ne participe pas (il est toutefois remercié dans les crédits). Ils ont également changé de label puisque c’est Bella Union qui distribue leur neuvième plaque.

Introduit par une musique relaxante sur laquelle le groupe montera sur scène, le set prendra son envol avec « The Queen Of Swans ». Une expression parfaite pour un Jonathan Donahue toujours autant obstiné par les oiseaux qu’il imite à la perfection d’une manière théâtrale. Et ce n’est pas l’excellent « The Funny Bird », joué dans la foulée, qui nous convaincra du contraire. Désormais barbu et toujours aussi rachitique, le leader porte une casquette qui le fait ressembler à Gavroche alors que son regard malicieux fera le régal des photographes.

À sa gauche, le guitariste Grasshopper va décocher des riffs tranchants dont il a le secret et qui vont emmener des titres comme « Frittering » (extrait de leur premier album de 1991) au final post rock et « Tides Of The Moon » vers des sommets vertigineux. À moins que ce ne soit la guitare que Jonathan Donahue va attraper de temps à autre en guise d’alternative à une voix peut-être un peu trop mise en avant. Ce dernier va également s’amuser à éblouir les spectateurs avec un spot au terme d’un intense « You’re My Queen » alors que des bulles de savon vont amuser l’assemblée pendant une bonne partie du concert.

Celles-ci viendront à point nommé pour distraire le public pendant un interminable « Endlessly » sur lequel le bassiste chevelu se déchaînera pourtant ou un décevant « Diamonds » malgré une flûte traversière maniée de main de maître par le claviériste. Heureusement, ces moments seront isolés et la délicatesse légendaire du groupe nous emportera bien vite au travers de « Tonight It Shows » ou d’un majestueux « Holes ». Même « Autumn’s In The Air », une des rares nouvelles compositions jouées ce soir, prendra des airs féériques alors que « Central Park East » sera bien musclé que sur le dernier album.

C’est avec un fantastique et enlevé « Opus 40 » au final stroboscopique dicté par un batteur devenu complètement fou que le set principal se clôturera. Une épatante version qui ouvrira la porte à un rappel prévisible. Bien entendu, les excellents « Goddess On A Hiway » et « The Dark Is Rising » doivent figurer dans la set-list d’un concert de Mercury Rev. Mais ils auraient peut-être dû oser un petit quelque chose. Comme inviter Nicole Atkins à les accompagner sur un des deux morceaux qu’elle chante sur « The Light In You », comme cela avait été le cas la veille en Allemagne. Ceci dit, même sans ce bonus avorté, leur avenir semble beaucoup moins compromis qu’il y a quatre ans.

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