Leçon de Canterbury, offerte par les Italiens de The Watch
Quand on parle de recréer l’ambiance et l’âme du grand Genesis et de ses fabuleux protagonistes, on pense immanquablement aux Canadiens de Musical Box ou aux Italiens de The Watch. Deux groupes qui ont su depuis de nombreuses années, faire transpirer à travers leurs prestations scéniques, l’atmosphère des grands élèves de cette prestigieuse école de Canterbury. Pour l’heure, c’est le groupe de Simone Rossetti, qui est à l’honneur à Verviers, avec un concert en deux parties où, le double album « Plays Live » de Peter Gabriel et l’album « Duke » de Genesis sont revisités. Tout un programme ! Seconde virée pour le jeune Axel, qui m’accompagne à nouveau vers sa destinée musicale en terres verviétoises, afin de découvrir ce groupe que je n’ai plus vu depuis 2012, il me semble. Voilà donc l’occasion rêvée pour renouer avec le groupe italien qui comme toujours, va je suppose réchauffer nos cœurs par les effluves de la grande Genèse ! Sur place vers 20h30, notre binôme se place rapidement devant la scène face aux claviers de Valerio de Vittorio qui pour l’occasion, sont de la nouvelle génération. Exits le Mellotron ou le Moog comme le fait remarquer un fan curieux, choix stratégique et surtout logistique je suppose. Un coca dans le buffet, je repère l’équipe de Prog-Resiste, mais aussi les indécrottables progeux (ils se reconnaitront) qui sont quasi tous là ce soir. Notons aussi la présence de deux de mes collègues enseignantes, que je salue leur souhaitant une belle soirée.
Métronome comme d’habitude au 66 le show débute à 21h30, avec l’arrivée de l’équipe où l’on retrouve les membres habituels, ici accompagné du jeune Mattia Rossetti (le fils du maitre de cérémonie) qui officie à la basse, à la guitare et à la double basse-guitare (instrument mythique s’il en est). Démarrage du set comme prévu (j’avais eu la set-list par mail) par les compositions de Peter Gabriel, reprises sur le célèbre « Plays Live » sorti en 1983. Petite anecdote en passant, c’est le tout premier CD que j’ai acheté lorsque j’ai pu avoir ma première chaine stéréo ! C’est donc avec beaucoup d’émotion, que j’aborde et écoute les premières notes de « Rythm of the Heat/Not One of Us » ! Suivent « I Don’t Remenber » et Shock The Monkey » où, le groupe italien recrée l’atmosphère avant-gardiste du rock-progressif de l’Ange Gabriel. Percussions électroniques et nappes de synthétiseurs nous rappellent que Peter Gabriel fût bel et bien un précurseur, un visionnaire du rock le rendant plus moderne. Tout ceci est ici fidèlement rendu avec à la fois une orchestration au top, et un chant qui conserve le grain gabriélien.
Passant en revue des compositions produites entre 1978 et 1982, The Watch nous gratifie encore des morceaux « Family Snapshot », « D.I.Y » et « San Jacinto », avant de virer de bord vers l’une de leurs compositions personnelles « Shining Bald Heads », qui nous emporte le long d’un rock-progressif à coloration génésienne. En effet issue de l’album « Vacuum » de 2004, l’assistance est ici replongée au plus profond dans l’ambiance des premiers albums du légendaire groupe britannique. Fin de la première partie avec « On The Air », qui termine la glorification de l’Ange Gabriel, avec un premier set impeccable comme toujours de la part des musiciens italiens.
Après une courte pause, c’est l’heure de la seconde couche avec cette fois le passage en revue de l’album « Duke » paru en 1980. « Behind the Lines », « Duchess/Guide Vocal » et « Duke’s Travel » nous replongent alors dans l’univers de Phil Collins, époque où seuls trois membres fondateurs sont encore là. Le rendu reste fidèle à l’original, avec un rock-progressif lui-aussi plus moderne. Vient alors le retour dans le passé, qu’attend avec impatience une grande partie de l’assemblée présente. C’est tout d’abord le mythique « Firth of Fifth » (1973) qui enflamme le Spirit à tel point, que la table de mixage saute et plonge dans le silence les claviers et les micros de chant ! Petit moment de panique où, Francis Géron monte et redescend de scène pour finalement éteindre et rallumer l’ordinateur, et parvenir à relancer la table du son. Les cœurs s’enflamment à nouveau, sur le truculent solo de guitare que maitrise Giorgio Gabriel. Notons aussi que c’est le moment où Mattia endosse la double guitare-basse et où, Valerio transforme les sons de ses synthés pour basculer vers ceux des orgues légendaires.
De 1973 à 1974, on voyage entre « In the Cage » et le fabuleux « Cinema Show » où, les arpèges de guitares électriques et acoustiques nous plongent dans un profond recueillement. Pierre angulaire du rock-progressif de Canterbury et des seventies, cette mythique composition reste un monument que The Watch retranscrit avec respect et une vive émotion. Les visages des musiciens s’illuminent et les sourires en disent long sur le réel plaisir de rejouer une telle œuvre musicale. Deux rappels finalisent cette superbe soirée avec des compositions personnelles des Italiens, manifestement heureux d’avoir été là pour nous faire partager leur amour de la belle musique.
Une soirée chargée d’émotion pour l’esprit et surtout pour notre cœur, car la troupe de Simone Rossetti a su comme toujours apporter jusque Verviers, l’atmosphère et l’ambiance de la Genèse musicale. Un travail remarquable élaboré par un groupe de talentueux musiciens où l’on retrouve, un Marco Fabbri performant et extrêmement précis aux fûts et aux cuivres. Le batteur qui s’exprime facilement dans la langue de Molière, nous offre à chaque fois un jeu impeccable où, l’artiste reste humble et souriant. Giorgio Gabriel qui reste un fidèle ami de Steve Hackett, lui rend ici hommage en respectant à la lettre la qualité du travail du guitariste anglais. Valerio de Vittorio est et reste un clapant claviériste, qui montre encore une fois sa fabuleuse dextérité où, l’on a parfois du mal à suivre ses doigts ! Aussi bien au piano qu’aux orgues, le musicien excelle dans son art atteignant le niveau d’un Michele Bon (Le Orme) ou même du grand Tony Banks ! Le jeune Mattia Rossetti a littéralement épousé le rendu d’un Mike Rutherford, rendant les honneurs au groupe légendaire et aussi à son paternel, qui peut être fier de lui. Déjà talentueux, le jeune artiste a étonné grâce à un touché d’une grande précision chirurgicale, sublimée lors de la reprise du grand « Cinema Show » ! Parlons enfin du maitre de cérémonie Simone Rossetti, qui a su faire transpiré l’âme du grand Peter Gabriel, offrant à un public conquis une prestation dont il a le secret.
Les Italiens ont pris eux aussi du plaisir, celui de jouer devant un public averti constitué de vrais amateurs et de puristes. Le public du Spirit of 66, qui a toujours su reconnaître la prestation d’un tout grand groupe. The Watch a encore fait mouche, d’ailleurs le public l’en remercie chaleureusement. A bientôt pour de nouvelles plongées dans le passé progressif, avec la relecture des mythiques albums du grand Genesis.
Pour le lien :
– The Watch Site officiel