Olenfest 2015 : décibels à gogo
À peine monté sur le Ring de Bruxelles pour prendre la direction d’Olen, je me rends compte que les dieux de la circulation routière ne l’entendent pas de cette oreille et ont décidé de mettre un bémol de taille à ce début de week-end musical qui s’annonçait pourtant plutôt faste: un solide accident de la route provoque une file interminable à cause de la curiosité morbide de mes contemporains. Heureusement que j’ai toujours dans la voiture quelques bons cd pour conjurer le mauvais sort, notamment une plaquette dont la sortie vient d’être annoncée et qui ravira certainement les amateurs de métal symphonique… Quand j’arrive sur le parking du Olenfest, j’entends déjà au loin le son de la basse sur une mélodie difficilement reconnaissable. Quel coup porté à mon amour propre: ils ne m’ont même pas attendu pour commencer… Je presse donc le pas pour arriver sur le site du festival. Arrivé sur place, l’appareil photo prêt à mitrailler tout ce qui bouge sur scène, je me rends compte que le groupe Evil Invaders a déjà terminé sa prestation. Merci les embouteillages. Heureusement que mon collègue et ami Michel Serry, venu en « touriste », a assisté à leur set et m’informe qu’ils ont livré une prestation conforme à eux-mêmes. Difficile d’en dire plus vu les circonstances.
Sur la scène extérieure, le groupe Storko atlp est en train de jouer. Composée de Noise (ex-Jailbreaker) à l’écriture, Gore (torturateur de guitares), Camme (batteur fondateur du groupe), Lien (chant) et Bart AKA Rafke Sex cette sympathique formation locale connaît son petit succès dans la région. Elle animera le podium B à deux reprises durant cette soirée, avec l’apparition sur scène de son ancien vocaliste pour interpréter quelques anciens standards du groupe. Du rock classique de bonne facture, interprété avec beaucoup de conviction, pour la plus grande joie des fans présents. Si cette musique n’est pas désagréable à écouter, elle ne reste pas non plus vraiment ancrée dans les mémoires. Mais c’est une agréable entrée en matière.
Après avoir fait le tour des baraques à finger food (alimentation traditionnelle du festivalier omnivore, caractérisée par un taux élevé de matières grasses, fritures en tous genres et sauces à gogo) et autres stands à libations diverses et variées, il est bientôt l’heure de regagner la grande scène sous le chapiteau (sage précaution dans un pays où il peut techniquement pleuvoir tous les jours grâce à notre climat tempéré océanique…) pour retrouver un groupe belge qui monte : Diablo Blvd.
Cette formation anversoise créée en 2005 distille une musique heavy à la frontière entre le classic rock et le métal, très inspirée de groupes comme Danzig, The Cult, Metallica, Black Label Society and Type O Negative). Après avoir joué en première partie de groupes illustres comme Epica ou Machine Head et participé à plusieurs grands festivals d’été, le groupe s’apprête à repartir en tournée d’automne aux Pays-Bas avec Bark, Evil Invaders and Bliksem. Preuve s’il en est que le groupe monte et qu’il a encore l’ambition d’aller beaucoup plus loin, il organise aussi son propre festival, le Diablofest II qui se tiendra le 24 octobre au Trix à Anvers.
Sur la scène du Olenfest, Alex Agnew (chant), Andries Beckers (guitar), Kris Martens (drums), Tim Bekaert (lead guitar) et Wannes Van Hoey (basse) assurent le show dans des lumières souvent faiblardes, voire tamisées, et enveloppés de fumée à profusion. Les musiciens de la cité de Brabo assènent leurs morceaux avec beaucoup d’énergie, donnant la priorité aux morceaux du dernier album «Follow The Deadlights» (sorti en 2014), sans oublier un petit détour par ses albums précédents («Builders Of Empires» de 2011 et «The Greater God» de 2009). Un set efficace et musicalement correct, même si j’avoue avoir beaucoup de mal à rentrer dans la musique de ce groupe. En tout cas, le public apprécie beaucoup et n’hésite pas à le montrer.
Après un nouvel intermède gastronomique et libatoire à l’extérieur en écoutant la deuxième partie de Storko, il va être temps d’accueillir la grande célébrité internationale de la soirée, le groupe suisse Gotthard qui a fait le déplacement vers nos contrées pour deux dates, ce vendredi 11 septembre à Olen et ce samedi 12 septembre au Raismes Fest (dont le compte rendu peut être lu
ici).
À la tête du groupe, Nic Maeder qui, au bout de deux albums studio et d’un live commercialisé exclusivement par le fanclub de Gotthard, a parfaitement trouvé ses marques en tant que frontman de la formation tessinoise. Sur scène, il semble parfaitement décontracté, dans son élément et heureux de se produire sur scène avec ses petits camarades. La setlist est un véritable bonheur pour les fans des deux époques, car elle réunit quelques grands classiques qui ont marqué les deux chapitres de la vie du groupe. Des tubes de l’ère Steve Lee comme «Master of Illusion», «Hush» ou «Lift You Up», mais aussi de l’ère Nic Maeder avec «Bang», «Right On» ou encore «Starlight».
Très intelligemment, les Tessinois ont adapté leur setlist au format festival, évitant d’accumuler les ballades à la Bon Jovi dont ils ont le secret, mais qui ne sont pas toujours au goût des festivaliers assoiffés de décibels et de riffs saignants. C’est donc un set assez rock qui nous est proposé, vigoureux et harmonieux à la fois, en un mot: une prestation lumineuse. La mécanique est parfaitement huilée. Peu de fans du groupe dans le public qui a l’air d’abord étonné, voire sceptique, mais se laisse finalement entraîner par l’enthousiasme de Leo et Freddy à la guitare, par la basse de Marc et par la batterie accrocheuse de Hena. Surprise au clavier avec le retour pour cette mini-tournée de Nicolo Fragile qui accompagnait le groupe dans un passé déjà lointain. Ne disposant que d’une heure et dix minutes, le groupe écourtera un peu la setlist par rapport à celles de Raismes. Gageons, sur la base des réactions du public, que Gotthard aura réussi à se faire remarquer par un public quelque peu différent de son public habituel.
À peine les dernières notes de Gotthard ont-elles fini de résonner que je me précipite vers la scène extérieure pour aller écouter Hell City, excellent groupe belge limbourgeois, qui commence son set par un morceau acoustique en hommage à Michael Konovaloff, son bassiste décédé au début de l’été. Les musiciens occupent le devant de la petite scène au centre de laquelle se dresse la guitare basse de Michael. Nous avons alors droit à une version acoustique très émouvante de «Ice Cold Rage». Pendant les applaudissements, Joris Jacobien (guitare), Tommy Goffin (batterie), Vincent Noben (lead guitare) et Michelle Nivelle (chant) regagnent leur place pour une prestation plus musclée et hélas trop courte avec les morceaux : «Triumph Is Turmoil», «Lies», «Victorious», «Hellacopter» et «Minds Of Old». Une prestation très musclée et de grande qualité. Pour moi le meilleur groupe de la soirée.
Alors que la fatigue commence à me tomber dessus comme si j’avais pris une enclume sur la tête (et sans avoir abusé des boissons festivalières houblonnées), je rentre à nouveau sous le grand chapiteau. Furenal Dress est déjà monté en scène et fait déferler sur le public ravi son punk rock à la belge. Comme la police est passée quelques minutes plus tôt pour vérifier le nombre de décibels émis, le groupe devra jouer un ton plus bas, le volume sonore ayant été verrouillé à la table de mixage… Pour ma part, la messe est dite car le groupe me semble en deçà du niveau des prestations précédentes de cette soirée. Compte tenu du trajet à parcourir cette nuit et demain matin, je prends donc la sage décision de plier bagage pour aller recharger mes batteries quelques heures car demain est une journée chargée avec le second jour du Raismes Fest.
Voilà qui boucle ma participation au Olenfest 2015 dont je retiendrai une organisation efficace et sympathique (les deux ne vont pas forcément toujours de pair), un programme quelque peu hétéroclite mais plutôt intéressant, un son de qualité, quelques grands moments avec Gotthard et Hell City qui étaient selon moi les deux meilleurs groupes de la soirée (certainement par leur énergie et leur présence scénique). Et un grand coup de chapeau aux organisateurs qui n’ont pas hésité à programmer une majorité de groupes belges.
Les autres photos de
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Hell City
Photos © 2015 Hugues Timmermans