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Nuits du Bota 2015 : They love Las Vegas, we prefer TOPS

Vous le savez, les organisateurs des Nuits du Bota ont été confrontés à quelques défections de dernière minute qui les ont contraints à réorganiser quelque peu leurs plans. L’annulation de Theophilus London ce samedi 16 mai a ainsi eu pour effet de donner libre accès aux salles du complexe de la rue Royale aux festivaliers en possession d’un ticket pour celles-ci. Nous sommes toutefois restés sur notre idée première, à savoir la programmation de la Rotonde avec Tops et Recorders. Encore que… Les vitres du couloir du Botanique avaient à peine cessé de vibrer au son des beatmakers (oui, ils travaillent sur des pads !) de Cotton Claw sous le Chapiteau que la Rotonde ouvrait ses portes pour la seconde apparition des Canadiens de Tops dans une salle de concert belge. La première fois, c’était à Gand en décembre dernier, où ils présentaient leur deuxième album, « Picture You Staring ».

Autant dire qu’ils sont pratiquement inconnus par ici, même si une poignée de spectateurs connaissaient les paroles sur le bout des doigts. À notre niveau, on n’avait volontairement rien écouté au préalable afin de conserver un effet de surprise maximum. Articulé autour d’une souriante petite chanteuse blonde aux reflets roses et d’un guitariste qui maîtrise son instrument à la perfection, le quatuor Montréalais, complété par une bassiste en retrait et un batteur à l’attitude discrète, va se dévoiler petit à petit.

Si le début du set mettra en avant des compositions dream pop atmosphériques basées sur des synthés vintage et des harmonies vocales partagées entre les deux têtes pensantes du groupe, elles vont prendre une tournure nettement plus nerveuse à partir du moment où la chanteuse (qui boit du thé sur scène) décide de montrer les crocs. On se retrouve alors dans un environnement orienté sixites que n’auraient pas renié les Long Blondes, surtout qu’une basse entêtante et des riffs à la Johnny Marr viennent baliser l’ensemble.

Un peu plus tard, ce sont des influences soul à la Doobie Brothers que distille un guitariste très en verve. Si l’on excepte un titre planant un peu trop tiré en longueur, le set de Tops aura été impeccable de bout en bout, y compris un tout doux « Outside » en rappel, qui n’était au départ pas prévu. Et dire qu’ils étaient exténués par une journée marathon la veille au festival The Great Escape de Brighton où ils ont donné trois concerts avant de faire la fête toute la nuit…

La curiosité de la soirée allait se transformer en pseudo arnaque ou plutôt en une interprétation erronée du programme. En effet, le traitement acoustique exclusif du premier album de Recorders annoncé sous le projet « Lapland Skies » s’est traduit dans les faits par un set à l’atmosphère acoustique. Une nuance qui avait son importance car on était bien loin de l’ambiance unplugged à laquelle on s’attendait.

Il est vrai qu’à six sur scène (dont un batteur à l’instrument réglé un peu trop fort), il est assez difficile d’obtenir l’effet escompté. Tout au plus avons-nous remarqué une voix moins noyée que d’habitude parmi les claviers sans pour autant s’affirmer comme elle le pourrait (le devrait) dans pareille circonstance. Ah oui, et des gazouillis d’oiseaux entre les morceaux qui se mariaient parfaitement avec un décor constitué de mini lampadaires ornés d’un feuillage printanier, alors qu’une biche se reposait sur un ampli. Mais pour le reste, on se demande encore où ils ont bien voulu en venir…

Résultat, après les trois titres réglementaires, on a laissé le groupe à ses fans et on s’est dirigés vers le Grand Salon de Concert où se produisait Soak, une jeune irlandaise de 18 ans et protégée de Gary Lightbody (le chanteur de Snow Patrol). Un peu maladroite et armée d’une simple guitare, elle partageait ses compositions de sa voix rocailleuse dans un environnement peut-être un peu trop sage, dans le sens où l’on se retrouvait dans une ambiance acoustique pour le moins minimaliste.

Ce sentiment ne sera toutefois que de courte durée. Jusqu’à sa cover de Bonnie Rait (« I Can’t Make You Love Me ») exactement, qu’elle s’approprie avec une facilité toute naturelle, presqu’insolente. A priori, il s’agissait du déclic car la fin du set sera nettement plus captivante, avec un titre spontané écrit après une dispute familiale, alors que sur le final (« Oh Brother »), elle utilisera des pédales à effets qui vont la libérer. Peut-être devrait-elle davantage explorer cette voie.

C’est ainsi que se terminera une soirée un peu étrange, pendant que Robbing Millions, les invités de dernière minute, emballaient l’Orangerie. Vu qu’ils jouent plus que régulièrement dans les environs, on a préféré se réserver pour une dernière Nuit en forme d’apothéose le lendemain…

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