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Epica à l’AB : une fin de tournée en apotéose !


Bruxelles, le 1er février 2015. Un concert pour finir le week-end, que demander de mieux? Quand j’arrive aux abords de l’AB en cette fin d’après-midi maussade, la file d’attente fait déjà plusieurs dizaines de mètres, ce qui est plutôt bon signe. Le concert est sold-out. Après quelques minutes d’attente sous une fine pluie froide, les portes s’ouvrent enfin et nous laissent pénétrer dans le temple de la musique bruxelloise qui accueille ce soir des invités prestigieux de la scène métal. Une fois entré, je ne m’attarde pas aux stands de merch installés dans l’entrée car je crains que les places ne soient chères, même pour les photographes qui, comme votre serviteur, ont accès au pit.

La soirée commence à 18h45 avec le groupe anversois Diablo Blvd. Le groupe belge a en effet eu la chance d’être choisi pour assurer l’ouverture de programme sur la seconde partie de la tournée européenne d’Epica, entamée le 19 janvier dernier. Pour la petite histoire, ce sont les Français survitaminés de Dagoba qui avaient été choisi pour la première partie de la tournée européenne du groupe néerlandais (de fin novembre à fin décembre 2014). Quand les lumières s’éteignent dans la salle, les musiciens de Diablo Blvd montent sur scène et commencent à jouer. Deux choses me frappent d’entrée de jeu: la piètre qualité des lumières dont ils bénéficient pour assurer leur prestation et, plus grave, une très mauvaise balance du son qui fait que je n’entends pour ainsi dire pas la voix du chanteur pendant les deux premiers morceaux.

Le groupe fait la part belle aux compositions de son dernier opus en date, «Follow The deadlights» sorti en 2014. Le groupe est composé de Kris Martens (batterie), Alex Agnew (chant), Tim Bekaert (basse), Dave Hubrechts et Andries Beckers (guitares). Jouant presque à domicile, les Anversois ont des fans fidèles dans le public qui connaissent tous les morceaux et chantent à tue-tête pendant les six titres que dure la prestation du groupe. Au programme une alternance de titres des deux derniers albums, «Fear Is For The Enemy», «Builders of Empires», «Rise Like Lions», «Saint of Killers», «Beyond The Veil» et «Black Heart Bleed». Magré le plaisir évident des fans présents en nombre dans le public et les excellentes critiques du dernier album, le combo ne parvient pas à me convaincre. Leurs compositions me semblent assez peu originales, mais les ennuis techniques y sont peut-être pour quelque chose.


Après une courte pause, c’est au tour de Dragonforce d’entrer en scène. Même si, là aussi, les lumières laissent à désirer, on sent que le groupe est clairement plusieurs crans au-dessus de son prédécesseur. Fondé il y a une quinzaine d’années, Dragonforce est un groupe britannique qui se compose aujourd’hui de Marc Hudson (voix), Herman Li (guitare, backing vocals), Sam Totman (guitare, backing vocals), Frédéric Leclercq (basse, backing vocals), Vadim Pruzhanov (claviers, backing vocals), Gee Anzalone (batterie, backing vocals). Pour ce dernier concert de la tournée, le claviériste est absent avec une bonne excuse car il est parti rejoindre son épouse qui vient d’accoucher.

La formation très internationale, bien que battant pavillon britannique, est en tournée pour la promotion de son dernier album intitulé «Maximum Overload». Si cet album est le septième du groupe, c’est seulement le second enregistré par Marc Hudson qui a succédé à ZP Theart. Le groupe n’a pas perdu au change car Marc a une voix excellente et il donne tout ce qu’il a, à chaque concert.

Au programme, sept longs morceaux balayant la carrière du groupe: «Fury of the Storm» (extrait de «Twilight Dementia» – 2010), «Three Hammers» (extrait de «Maximum Overload» – 2014), «The Game» (extrait de «Maximum Overload» – 2014), «Symphony of the Night» (extrait de «Maximum Overload» – 2014), «Valley of the Damned» (extrait de «Twilight Dementia» – 2010), «Cry Thunder» (extrait de «The Power Within» – 2012), «Through the Fire and Flames» (extrait de «Twilight Dementia» – 2010).

Dragonforce est à ma connaissance un des seuls groupes capables d’égrener les notes à une telle vitesse et de maintenir ce rythme diabolique. Les mélodies sont rapides et techniques. Herman Li est un virtuose qui possède une technique guitaristique et une vélocité sur le manche qui relèvent de l’exploit. Il va même jusqu’à lancer sa guitare dans les airs au beau milieu d’un morceau. Chacun des musiciens assure aussi les secondes voix ou les chœurs. C’est un mélange hallucinant de technique et de mélodie. Le tout servi par l’excellente voix de Marc, qui donne tout sur scène au point de finir presque aphone.

Quel régal, surtout si vous êtes amateurs de speed métal. Reste que ces artistes sont aussi d’excellents mélodistes et que leur «Cry Thunder» est le genre de morceaux qui vous trotte encore dans la tête des heures, voire des jours, après la fin du concert… Rien d’étonnant donc à ce que Kamelot les ait choisis pour assurer la première partie de sa longue tournée américaine en 2015.

Pendant la dernière pause technique de la soirée, les roadies s’affairent pour que tout soit parfaitement en place pour la prestation de la tête d’affiche de ce dimanche. Quelques instants plus tard, les lumières s’éteignent et une ovation monte depuis la salle pour accueillir comme il se doit le groupe néerlandais Epica, spécialiste incontestable du métal symphonique depuis une bonne douzaine d’années.

Toujours emmené par la soprano Simone Simons à la voix claire et le guttural Mark Jansen aux guitares et grunts, Epica se compose aussi de Coen Janssen aux claviers, d’Ariën «The Beast» van Weesenbeek aux fûts, d’Isaac Delahaye (seul Belge de la bande) à la guitare et aux backing vocals, ainsi que de Rob van der Loo à la basse.


Epica devait partir en tournée américaine avec Machine Head, mais ce dernier a annoncé à la dernière minute le report de sa tournée américaine en invoquant le motif qu’il lui fallait plus de temps pour peaufiner son dernier album. C’est donc Epica qui a payé les pots cassés en voyant lui passer sous le nez une tournée au pays de l’Oncle Sam pour promouvoir son nouvel opus «The Quantum Enigma» sorti en 2014. Qu’à cela ne tienne, Epica a entamé une tournée européenne en deux parties (fin 2014 et de la mi-janvier à début février 2015) qui lui aura quand même permis de se produire à guichets fermés dans la salle de l’Olympia à Paris. Excusez du peu. Le concert de l’AB est le dernier de la tournée et le groupe s’en donne à cœur joie pour cette dernière prestation européenne avant de partir en tournée en Amérique du Sud.

Une fois que les musiciens d’Epica ont pris possession de la scène de l’AB pour présider cette grand-messe du métal au féminin, le concert commence par les trois premiers morceaux du nouvel album: «Originem», «The Second Stone» et «The Essence of Silence». Très vite, le ton est donné: des chœurs épiques (pour l’anecdote, on retrouve dans les chœurs la voix de Marcela Bovio de Stream of Passion) , des guitares aux riffs cinglants, des grunts masculins, des tapis de claviers, une batterie hyperactive et la voix si typique de Simone, tantôt claire, tantôt « opératique ». Ces morceaux sont très représentatifs des lignes mélodiques qui ont fait la réputation de la formation batave.

Les photographes sont autorisés dans le pit pour les trois morceaux suivants. Un classique pour commencer avec le fameux «Unleashed» de l’album «Design Your Universe». Ensuite, l’excellent «Storm The Sorrow» de l’album «Requiem For The Indifferent» et enfin «Blank Infinity» de l’album «Consign To Oblivion». Les photographes se pressent pour essayer de capturer la plus belle image du groupe. Le spectacle est de tous les côtés à la fois. Le public adore et le fait savoir. Le son et l’ambiance sont excellents, même s’il m’a semblé que Simone escamotait parfois certaines notes haut perchées.

Après l’excellent «Martyr of the Free Word», petit détour par l’album «The Divine Conspiracy» avec «The Obsessive Devotion». Il faut dire que ce ne sont pas les tubes qui manquent à ce groupe dont les fans connaissent chaque chanson sur le bout des doigts. Retour à l’actualité avec «Victims of Contingency» avant de réentendre deux grands classiques des débuts: «The Last Crusade» et «Cry for the Moon».

Batteur attitré d’Epica et, très logiquement, de Mayan (le deuxième « enfant » de Mark Jansen), Ariën van Weesenbeek est un musicien hors pair. Calme, presque timide, dans la vie normale, il n’a pas usurpé son surnom «The Beast» car une fois sur scène, il se mue en une véritable machine de guerre, comme le prouve encore une fois le solo de batterie devant le public enthousiaste de l’AB. Le set s’achève par «Design Your Universe».

Les rappels font la part belle au deuxième album du groupe avec «Sancta Terra» et «Consign to Oblivion», entrecoupés par une véritable pépite tirée du dernier album et intitulée «Unchain Utopia».

Une prestation excellente en tous points, saluée par des fans venus nombreux de plusieurs pays, car les métalleux ont ceci de particulier que bon nombre d’entre eux n’hésitent pas à suivre leurs artistes préférés en tournée un peu partout. J’ai trouvé Mark Jansen un peu plus effacé que d’habitude, mais la place ainsi libérée a largement été occupée par un Coen Janssen très en forme qui, avec son clavier portable, n’a pas hésité à se déplacer sur scène et même à faire un bref passage dans le public. Simone Simons a assuré avec classe et jovialité. Quant à Isaac Delahaye et Rob van der Loo, ils ont visiblement pris plaisir à jouer pour le public belge qui est finalement reparti satisfait à l’issue de ce concert qui est, pour ma part, le meilleur des 3 auxquels il m’a été donné d’assister sur cette tournée.

Comme annoncé pendant le concert, Epica se produira au Graspop Metal Meeting le vendredi 19 juin prochain.

Les autres photos de

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Photos © 2015 Hugues Timmermans

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