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BRNS Patine à l’AB

Ce vendredi 10 octobre était un grand jour pour les prodiges Bruxellois de BRNS. Non seulement ils célébraient la sortie de leur très attendu premier album mais surtout ils allaient le présenter officiellement devant une AB Box remplie comme un œuf. Un premier passage en tête d’affiche dans la salle du boulevard Anspach qu’ils connaissent bien pour y avoir déjà joué notamment lors de l’événement AB Bota en février 2012 et en première partie de Yeasayer quelques mois plus tard. Ce soir, le support a été choisi par leurs soins : Soldier’s Heart, un quintette originaire de Kasterlee, du côté d’Herentals qui a été révélé par le programme De Nieuwe Lichting de Studio Brussel en 2013.

Emmené par une demoiselle à la captivante voix nasillarde et monocorde, le groupe dont les fougueux musiciens ont du mal à tenir en place va proposer des compositions groovantes qui pourraient se ranger quelque part entre London Grammar et The xx en version uptempo, tout en privilégiant un côté poppy. Outre un condensé d’influences qui leur est sans doute encore préjudiciable, le souci majeur vient de leur attitude trop théâtrale qui finit par les décrédibiliser. Laissons le temps les assagir…

« Patine », le premier album de BRNS devait au départ sortir le 25 août. C’est en tout cas ce que le groupe avait annoncé lors de son passage au Pukkelpop cet été. Mais, pour des raisons qui n’ont pas été dévoilées, il a été reporté et coïncide dès lors avec le concert de ce soir. Sept semaines d’attente supplémentaires qui n’ont fait qu’accentuer la hype qui l’entoure.

Ceci dit, ces sept semaines nous auraient été bien utiles pour décrypter leurs nouvelles compositions. En effet, ils ont la réputation de mettre en place des pièces pas toujours évidentes à cerner mais qui, dans le même temps, s’incrustent durablement dans l’oreille une fois domptées.

Le programme du soir allait donc principalement se composer de découvertes même si le titre d’intro, « Void », peut déjà être considéré comme un classique après sa sortie en 45 tours à l’occasion du Record Store Day un peu plus tôt dans l’année tout en se voyant agrémenté d’une vidéo aussi intrigante que réussie. Sa construction patiente et progressive constitue en effet une rampe de lancement idéale à leur show. Le plus ancien « Here Dead He Lies », axé sur des percussions dont ils sont friands (ils se partagent même parfois les cymbales), va ensuite le booster avec un final explosif.

Véritable démocratie, il n’y a pas de leader dans BRNS. Les musiciens sont d’ailleurs disposés de front et ont, pour l’occasion, légèrement adapté leur disposition. Le batteur et principal chanteur Timothée Philippe ne se retrouve plus à l’extrême droite, place désormais occupée par le bassiste Antoine Meerssemann. Le bidouilleur César Laloux et le guitariste Diego Leyder (et sa manière toute particulière de jouer de son instrument, notamment avec un tournevis) ont quant à eux conservé leur place de prédilection du côté gauche de la scène.

« Inner Hell », le premier véritable nouveau morceau, va sembler un peu loupé. Une voix à la limite de la justesse ne va en effet pas lui rendre justice. Un sentiment qui se prolongera au travers de « My Head Is Into You », le premier single de « Patine », que l’on a déjà connu plus percutant. Seraient-ils troublés pas l’enjeu ou par la diffusion du concert en streaming sur ABTV ? Ils pourraient également améliorer dans le futur leur communication sur scène. Il n’est en effet pas nécessaire de systématiquement traduire en néerlandais des interventions bien souvent superficielles.

Heureusement, la musique prend le relais et autant la basse en avant de « Last Gaze » que les harmonies vocales de « Slow Heart » laissent entrevoir une évolution moins brute et plus épurée que par le passé, à l’instar également d’un très calme « Omen » à la surprenante guitare presqu’hispanique. Rassurons les puristes, les bidouillages sonores, les xylophones et les clochettes sont toujours présents mais judicieusement maîtrisés.

Tout comme les structures imprévues qui forment l’ossature de « Behind The Walls », sans doute le meilleur extrait de « Patine », coincé entre leur hit « Mexico » et un « Any House » presque math rock mélodieux (à la sauce BRNS bien entendu), en clôture du set principal.

Les rappels replongeront dans le mini album « Wounded » qu’ils ont tourné inlassablement à travers l’Europe pendant deux ans avec les impeccables « Clairvoyant » et « Our Lights » (au final éblouissant). Si la prestation de ce soir nous a laissés quelque peu sur notre faim, gageons que d’ici sept semaines, les nouvelles compositions seront digérées et auront gagné en intensité. Rendez-vous à l’Eden de Charleroi le 5 décembre.

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