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Blood Red Shoes, un duo plus puissant que jamais


Les soirées se suivent et se ressemblent à l’Orangerie du Botanique puisque trois jours après Wild Beasts, c’était au tour de Blood Red Shoes de venir présenter son quatrième album fraîchement publié. Celui-ci ne porte pas de titre et renoue avec la hargne des débuts, ce qui promettait une soirée au volume sonore insolent ce vendredi 18 avril. Surtout que le groupe invité en première partie n’était pas non plus du genre à respecter les consignes de sécurité du fabricant de leurs amplis. En effet, The Wytches, trio de chevelus furieux lorsqu’il s’agit de se faire entendre, va assurer son rôle à la perfection en entamant son set pied au plancher. Le fait que le bassiste arbore fièrement un t-shirt de Drenge donne une indication sur la philosophie poursuivie (tout à l’analogique !) alors que la physionomie du chanteur rappelle un certain Kurt Vile.


Ceci dit, c’est à un autre Kurt que la puissance brute et crasseuse de leurs compositions nous fait penser. Ces natifs de Peterborough à l’est de l’Angleterre n’étaient sans doute que des nourrissons lorsque le leader de Nirvana a choisi son funeste destin mais preuve nous est une nouvelle fois donnée que son héritage n’est pas près de se dissiper. Même s’ils y incorporent des influences issues des débuts d’Offspring (certaines intonations et la basse notamment), leurs titres bourrés d’énergie doivent énormément au trio de Seattle. Il n’a manqué que la destruction des instruments à la fin du set…

Laura-Mary Carter et Steven Ansell, les deux protagonistes de Blood Red Shoes, ont décidé pour la première fois de se passer des services de Mike Crossey, leur producteur fétiche, pour mettre en boîte ce qui allait devenir leur quatrième album. Mieux, ils ont décidé de tout réaliser eux-mêmes dans un studio à Berlin avant de le sortir sur leur propre label, Jazz Life. Le résultat donne un disque aux contours rugueux, proche de leurs intenses prestations scéniques.


Ce disque éponyme débute d’ailleurs avec un incroyable instrumental, « Welcome Home », qui sera également le point de départ de leur prestation ce soir. L’occasion de démontrer d’emblée la dextérité de Steven Ansell, dont les coups de batterie clairs, rapides et précis vont répondre aux riffs de guitare incendiaires de sa complice à l’accoutrement soigné comme le veut la tradition (en tout cas sur scène car à la sortie du Bota trois heures plus tard, elle était déjà moins glamour).

Ils allaient en tout cas instantanément embraser l’Orangerie avec « I Wish I Was Someone Better » et « Don’t Ask », exécutés dans la foulée. Le public, pris à la gorge, chante à tue-tête alors que dans le moshpit, les premiers pogos se déclenchent instantanément. Ils ne cesseront que lors des brèves interventions des artistes visiblement ravis de revenir à Bruxelles et devenus grands amateurs de Kriek. Quelques stage divers auront même le loisir de s’adonner à leur sport favori, le tout dans une ambiance décontractée et bon enfant.

Les lights et stroboscopes largement utilisés vont trancher avec la douzaine d’ampoules pendantes disséminées au-dessus de la tête du duo. Celles-ci ne vont s’illuminer qu’à de très rares occasions, n’apportant qu’une plus-value toute relative. Il est vrai que la fureur de titres comme « Say Something, Say Anything » et « Light It Up » collent davantage à un spot puissant qu’à une lampe à incandescence.


Les nouveaux titres présentés subiront des fortunes diverses. Si « Everything All At Once » est sans doute le plus réussi d’entre eux et « Speech Coma » le moins surprenant, « Cigarettes In The Dark » va ouvrir une brèche dans leur style somme toute assez carré, avec une rythmique groovante, limite prenante, pour ne pas dire sexy. Un peu plus tard, « An Animal » (épelé An Anal sur la set-list…) va mettre en avant des riffs que les Queens Of The Stone Age ne renieraient pas.

Le reste du set apportera une nouvelle lecture de « This Is Not For You » dont les breaks savamment disséminés permettent au titre de rebondir dans une veine encore plus puissante alors que « Black Distractions » (extrait d’un EP isolé sorti en 2013, tout comme « Red River », joué lors des rappels) montrera la complicité du duo à son paroxysme. Un « Colours Fade » à la construction en crescendo toujours aussi efficace mettra un terme au set principal dans un chaos indescriptible.

Les rappels débuteront avec un ultime nouveau titre, « The Perfect Mess », qui porte parfaitement bien son titre avant qu’un furieux « Je Me Perds » ne décoche une dernière droite dans les tympans des spectateurs. Live, Blood Red Shoes ne rencontre pas beaucoup d’opposants et c’est ce qui les maintient dans la cour des grands. Rendez-vous au Dour Festival le 17 juillet prochain pour une nouvelle démonstration grandeur nature.

Photos © 2014 Bernard Hulet

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