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Midlake en complet renouveau à l’AB

Peu de groupes survivent au départ de leur chanteur et principal compositeur. Pourtant, dans le cas de Midlake, ce coup du sort semble bien donner un nouvel élan aux Texans désormais emmenés par leur guitariste Eric Pulido. Ils étaient à l’AB dans sa configuration Flex semi-assis ce dimanche 2 mars afin de présenter « Antiphon », leur très recommandable nouvel album.

Il s’agissait de la première date de leur tournée européenne en compagnie d’Israel Nash qui vont ouvrir pour eux jusqu’à la fin du mois. Il s’agit du projet d’un certain Israel Nash Gripka, un musicien troubadour au look hippie dont le registre fait la part belle à une country alternative et rêveuse sur disque. A ce propos, leur dernier album en date, « Israel Nash’s Rain Plans », est une petite merveille du genre.

Ceci dit, ce soir, l’ami Israel n’est accompagné que de son compère Eric Swanson à la pedal steel guitar, avec pour conséquence de limiter les envolées à leur plus simple expression. Pire, l’harmonica et sa voix plaintive contribuent à l’enfermer dans une voie sans issue des faubourgs de Nashville et la demi-heure qu’il va passer sur scène paraîtra plutôt linéaire. Il sera donc impératif d’aller les voir en full band le 8 mai prochain au Trix d’Anvers afin de se faire une idée bien plus précise de leur potentiel.

L’histoire de Midlake a donc connu un sérieux tournant fin 2012 lorsque le chanteur compositeur Tim Smith a décidé de jeter l’éponge, rongé par un mal-être devenu de plus en plus palpable au fil du temps. Plutôt que de baisser les bras, les membres du groupe se sont alors serré les coudes tandis que le guitariste Eric Pulido, qui assurait déjà la seconde voix sur scène, se voyait promu chanteur principal.

Le résultat, « Antiphon », est contre toute attente un disque très réussi qui conserve la mélancolie propre à l’esprit du groupe tout en le présentant moins plombé qu’à l’accoutumée. On avait déjà eu l’occasion de découvrir cette nouvelle configuration au Pukkelpop puis lors d’un showcase à la Rotonde du Botanique quelques semaines plus tard mais il s’agissait ce soir d’un test grandeur nature qu’ils vont passer haut la main.

Entamée avec « Ages » dans une atmosphère planante que n’aurait pas reniée Pink Floyd, leur prestation va essentiellement s’articuler autour d’« Antiphon » dont la plage titulaire sera interprétée dans la foulée avec trois guitares de front. L’intégralité de la plaque sera jouée avec conviction, preuve de la consistance des compositions et du souffle nouveau qui transcende littéralement le groupe. Il est vrai que des titres comme « Provider » (magnifié par une flûte traversière et des lumières volontairement tamisées), « It’s Going Down » à l’instrumentation riche ou « This Weight » aux arrangements nourris tutoient le statut de classique.

Et comment s’en sort Eric Pulido, allez-vous demander ? A priori pas trop mal, merci pour lui. A ce sujet, c’est lors des titres plus anciens que l’on va remarquer qu’il a parfaitement intégré son nouveau rôle de leader. « Rulers, Ruling All Things » et « Young Bride », par exemple, ne souffriront nullement de l’absence d’un Tim Smith déjà presqu’oublié. Que du contraire, les musiciens ont l’air d’oser se lâcher davantage, à l’instar de l’excellent batteur McKenzie Smith dont le jeu subtil rend parfaitement bien.

Si un expérimental et faussement bordélique « Vale » va envisager une direction potentielle moins conventionnelle pour le futur, c’est lorsqu’ils prennent le temps de toucher la sensibilité des spectateurs que la machine fonctionne le mieux, comme le démontreront les harmonies vocales de « Corruption » ou les contours majestueux de « Aurora Gone ». Le tout dans un environnement très sobre (le groupe joue simplement devant une toile représentant la pochette de l’album). Bien entendu, « Roscoe » va faire un malheur alors que « The Old And The Young », tube en puissance et un des meilleurs extraits du dernier album va clôturer le concert de la meilleure manière, c’est-à-dire en regardant vers l’avenir.

Le groupe reviendra bien entendu pour des rappels qui débuteront avec une seconde interprétation d’« Antiphon » (sous prétexte que les retours n’étaient pas parfaits plus tôt dans la soirée). Ceci dit, la version acoustique à l’amplification limitée autour d’un seul micro qu’ils vont exécuter transcende le morceau et l’acclamation du public confirmera cette excellente impression. Ils vont ensuite pousser le vice jusqu’à jouer « Provider Reprise », la plage qui clôt la dernière plaque dont la construction hasardeuse permet une immense liberté sur scène. « Head Home » terminera le set avec une vision plus classique mais toujours aussi prenante. Il n’empêche, on n’attendait pas Midlake dans une forme aussi affûtée. Si Tim Smith apprenait ça…

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