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I Like Trains souffle ses dix bougies au Bota


Dix ans dans le business, ce n’est pas rien. Surtout lorsque l’on s’appelle I Like Trains et que l’on n’est pas réputé pour composer des titres euphoriques d’une accessibilité à toute épreuve. Il n’empêche que le public avait répondu présent ce dimanche 16 février afin de célébrer dignement la première décennie de ces cheminots mélomanes à la Rotonde du Botanique. Ceux qui les accompagnent sur la route lors de cette tournée spéciale, Her Name Is Calla, sont bien plus que de simples musiciens provenant comme eux du nord de l’Angleterre. Au fur et à mesure du temps, une véritable amitié s’est en effet développée entre les deux groupes qui ont joué pour la première fois ensemble en 2007. Depuis, le quintet emmené par Tom Morris, chanteur à la voix sinistre pas toujours constante, a publié deux albums et s’apprête à en sortir un troisième au mois de mai prochain.

Ceci dit, il convient de plutôt s’attarder à l’environnement prenant et à la direction peu conventionnelle empruntée par leur post rock presqu’expérimental qu’aux performances de leur leader. Ainsi, le centre de la scène est occupé par des cordes (un violon et un violoncelle parfaitement maniés par les deux nanas du groupe) alors que le batteur se retrouve par moments avec un banjo ou une tablette géante entre les mains. Ceci dit, lorsqu’il empoigne ses baguettes, cela fait mal et l’énergie qu’il dégage décuple les sensations de ses compères. Ceux-ci vont d’ailleurs terminer le set en s’acharnant sur leurs instruments.

En 2004, I Like Trains s’orthographiait encore iLiKETRAiNS et faisait ses premiers pas sur la scène musicale de Leeds avant de se faire repérer par le dynamique label Dance To The Radio qui, au même moment, emmenait The Pigeons Detectives et ¡Forward, Russia! vers le panthéon du rock indépendant. C’est toutefois chez Fierce Panda que sortira le premier fait d’armes du groupe en 2006, l’acclamé EP « Progress Reform » qu’ils ont choisi d’interpréter sur scène dans son intégralité à l’occasion de leur dixième anniversaire.

« One of our favourite venues in the world », postera le groupe sur son compte Twitter plus tôt dans l’après-midi en parlant de la Rotonde. Il est vrai que depuis 2006, c’est la quatrième fois qu’ils s’y produisent et s’y sentent manifestement à l’aise. Tout débutera avec une puissante version de « Terra Nova » qui va instantanément placer la barre très haut, tout comme « A Rook House For Bobby » un peu plus tard. Par rapport à leur venue en 2006, ils ont l’air de davantage voir la vie du bon côté. Bien que les titres soient inspirés de faits historiques tragiques, leur interprétation qui faisait craindre le pire à l’époque (exemple: « Please don’t go into the kitchen, that’s where the knives are », les paroles d’intro de l’excellent « Stainless Steel ») adopte désormais une vision presque positive.

La voix du chanteur David Martin (qui arbore désormais une généreuse barbe) s’est en effet adoucie et la noirceur qui s’en dégageait en conférant un cachet déprimant à l’ensemble s’est évaporée, sans pour autant mettre à mal des compositions toujours aussi émotionnellement chargées, à l’instar de « The Beeching Report », dont les chœurs seront amplifiés par le retour sur scène des membres de Her Name Is Calla. Visuellement, ils ont laissé tomber les costumes stricts de contrôleurs et se produisent tout simplement vêtus d’un pantalon et de t-shirt noirs. Même les projections ont pris moins d’importance, elles qui faisaient partie intégrante de leur concept à l’époque.

Si rien ne permet d’affirmer que ces contraintes les empêchaient de s’exprimer à leur guise, toujours est-il qu’on les a sentis davantage libérés. Et ce n’était que le début… La seconde partie du set allait faire la part belle à « Elegies To Lessons Learnt », leur premier album sorti en 2007, plus ou moins dans la même veine. Ici aussi, les atmosphères initialement lourdes seront adoucies malgré les percussions sinistres de « Twenty Five Sins », la voix caverneuse de « The Deception » (un titre qu’ils auraient composé ici même lors de leur première visite) et le thème de « Death Is The End ».

La fin du set sera à classer dans les annales car après un enlevé « The Voice Of Reason », le groupe va se lancer dans un « Spencer Perceval » d’excellente facture pendant lequel le leader va lancer des regards démoniaques alors que la puissance collégiale des instruments pimentée de larsens va virer post rock en plein, jusqu’à ce que les musiciens triturent leur outil de travail pour un résultat sonore frisant l’entendement.

On n’était toutefois pas encore au bout de la soirée car les rappels vont y apporter une réelle plus-value, même s’il faudra quelques longues minutes aux musiciens pour réaccorder leurs instruments. A partir de ce moment, fini le passé lointain puisque le plus joyeux « A Father’s Son » (la seule incursion sur « He Who Saw The Deep », leur deuxième album) va prendre le public à contre-pied.

Mais ce ne sera encore rien à côté du très Foals (et imprononçable) « Mnemosyne » à la ligne de basse omniprésente et aux contours électro incroyablement festifs, avant que « Reykjavik » n’achève le trajet. Deux extraits du sous-estimé « The Shallows », leur dernière plaque en date, qui prouvent que si ce soir les gaillards d’I Like Trains se sont retournés sur leur passé, ils ont encore tout l’avenir devant eux.

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