The Lumineers mène son cirque de manière royale
Une soirée de dimanche un peu froide pour se rendre au Cirque Royal. Ne vous inquiétez pas, dans la salle bien remplie, et presque sold out, il fera plutôt chaud pour les Américains de Thao And The Get Down Stay Down qui sont chargés de préparer le terrain pour la tête d’affiche de cette soirée : The Lumineers. The Lumineers est déjà venu nous présenter son premier album éponyme en mars à l’Orangerie, il revient ce soir pour enflammer la fosse. Thao aka Thao Nguyen et son groupe The Get Down Stay Down est chargée d’engager les hostilités et de préparer le terrain pour la vedette de la soirée : The Lumineers. Le groupe américain est originaire de Falls Church, en Virginie, et basé à San Francisco, en Californie. La formation est composée de Thao Nguyen au chant, à la guitare et au banjo, d’Adam Thompson à la basse et de Willis Thompson à la batterie. Ils ont cinq albums à leur actif : « Like The Linen » sorti en 2005, « Daytrotter Sessions » sorti en 2006, « We Brave Bee Stings And All » sorti en 2008, « Know Learn Faster » sorti en 2009 et enfin le petit dernier « We The Common » sorti il y a peu. Thao joue du banjo, de la guitare électrique ou acoustique, mais également de la pedal steel. Sa voix est particulière, elle est brute et n’est pas vraiment travaillée. Quand Thao se déplace dans les aigues et qu’elle emballe sa voix, c’est de toute beauté. Elle me fait penser à celle de Satomi Matsuzaki de Deerhoof. Le contact entre le groupe et les premiers rangs est parfait. Ils produisent un rock/pop sautillant teinté de folk et parfois de jazz.
Thao débute les festivités en empoignant son banjo sur « We The Common (For Valerie Bolden) », c’est plutôt plaisant à écouter, et la plage d’entrée du dernier album « We The Common ». Elle va changer plusieurs fois d’intruments et, avec son groupe, nous interpréter d’autres chansons du dernier album : « The Feeling Kind », « City », « Holly Roller ». « We Don’t Call », « The Day Long », « Age Of Ice », « Move », « Kindness Be Conceived » et « Every Body ». Je ne connais pas les morceaux « Squarenek » et « Beat (Heath, Life, Fire) ». Je ne connaissais pas ce combo et j’ai fait une découverte. C’est pas mal, plaisant, mais légèrement monocorde. Le groupe occupe bien l’espace scénique qui lui est dévolu et surtout Thao qui bouge pas mal.
The Lumineers est avant tout une histoire de rencontres et d’amitiés entre Wesley Schultz et Jeremiah Fraites tout d’abord et entre le duo et Neyla Pekarek par la suite. À la mort de Josh Fraites, frère de Jeremiah (mort d’overdose) et meilleur ami de Wesley, les deux amis se plongent dans la musique. Ils quittent New-York et rencontrent Neyla à Denver : le trio est formé. Après la sortie de deux E.P., leur premier album éponyme « The Lumineers » voit le jour en 2012 et ils vont conquérir le monde avec celui-ci.
Si vous aimez Mumford And Sons, The Dublineers, vous allez adorer ce groupe très attachant. Je les ai découverts dans une salle française : Le Grand Mix de Tourcoing, le 9 mars 2013. Cela valait vraiment la peine de se déplacer si loin pour les découvrir et je suis content de les revoir ce soir. Ils pratiquent un folk rock acoustique avec piano, banjo, mandoline, guitare, violoncelle, piano. Leur approche de la musique est toute particulière, leur bonne humeur est assez communicative et ils se prêtent d’ailleurs au jeu d’interpréter quelques morceaux a capella et sans électricité. Très peu d’artistes savent le faire surtout dans une grande salle où le public est super attentif. Cela a été le cas ce soir, du début à la fin, il n’y a eu aucune minute de faiblesse dans le set des Lumineers.
Le décor est planté dès le début, il y a trois immenses lustres à cinq branches suspendus au plafond et des balustrades dorées sur scène. Sur celles-ci est installée une batterie, un piano, mais aussi une grosse caisse et une multitude de micros. Les énormes luminaires rappellent le clip vidéo d’« Oh Hey ». Un peu plus, on se croirait dans un saloon cosy et sympa. Les lumières s’éteignent et une introduction de plus en plus forte se fait entendre, The Lumineers montent sur scène et attaquent leur concert avec « Submarines ». Wesley Schultz, le frontman du groupe annonce qu’ils vont reprendre un titre écrit par un de leurs amis : « Ain’t Nobody’s Problem », écrit par Sawmill Joe. Ce morceau blues devient par la suite une véritable explosion d’énergie. En deux minutes, toute la salle est conquise, cette chanson très rythmée est chantée par tout le public. On voit que les membres du groupe s’amusent et le public est ravi. On poursuit avec une autre superbe reprise de Bob Dylan du nom de « Subterranean Homesick Blues ». On peut dire que la sauce a pris.
« Ho Hey », un des hits du groupe qui a été utilisé dans la bande originale du film L’écume des jours de Michel Gondry, met tout le monde d’accord et fait monter la pression. Ils vont poursuivre avec des extraits de leur album éponyme comme : « Classy Girls », « Dead Sea », « Slow It Down », « Duet » et « Charly Boy ». Les trois membres principaux, Wesley Schultz (guitare et chant), Jeremiah Fraites (batterie) et Neyla Pekarek (violoncelle) font corps avec leur instrument. Il y a de multiples changements d’instruments, qui montrent le talent de tous les membres. Stelth Ulvang au piano et Ben Wahamaki à la basse ne sont pas en reste et prouvent que leur adhésion récente au groupe est plus que justifiée. Les cinq membres débranchent leurs instruments et les micros et décident de chanter a capella dans un Cirque Royal qui se fait alors le plus silencieux possible. « Darlene », une nouvelle chanson, est donc interprétée avec deux guitares, Jeremiah au glockenspiel et tous les membres du groupe au chant. Inutile de dire que l’émotion et la magie sont au rendez-vous. Pour « Elouise » qui est extrait de l’E.P. « Tracks From The Attic », la fosse est debout, tout comme les gradins, et chante en chœurs avec les artistes. En route pour les deux dernières chansons du concert avec « Stubborn Love » et « Flopper Girl ». Il fait chaud dans la salle et le groupe a fait un show du tonnerre. Mumford And Sons n’a qu’à bien se tenir, The Lumineers est prêt pour les stades, gare à vous les gars ! Une petite interruption et on arrive au rappel avec « Morning Song » où le public est à nouveau attentif. On passe ensuite à « Gale Song » qui est du nouveau matériel et une petite dernière pour la route avec « Big Parade ».