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Agnes Obel : en toute simplicité


La musicienne, compositrice et interprète danoise Agnes Obel était de passage au Cirque Royal pour un concert très attendu le vendredi 1er novembre dernier. Bien que souffrante, l’artiste a assuré une prestation sans faille devant une salle pleine à craquer.

Le concert affiche sold-out. Quand les lumières de la salle s’éteignent, deux spots s’allument, éclairant la frêle silhouette de Erin Lang qui se produit sous le nom de scène Feral & Stray. L’artiste qui s’accompagne tantôt à la guitare électrique, tantôt à la basse fredonne des morceaux au fort pouvoir évocateur, de véritables créateurs d’ambiances, qui parlent de la profondeur de l’obscurité, de voiliers dans l’immensité des océans et de paysages urbains frappés par la foudre. Une musique si intimiste que certaines notes donnent l’impression d’avoir peur de sortir de la gorge de l’artiste. Des accords simples plaqués avec une douceur infinie. Une musique si calme et douce qu’il faut vraiment prêter une oreille attentive pour se plonger dans le monde très personnel et envoûtant de Feral & Stray dont le premier album « Between You And the Sea » est sorti précisément le jour du concert , le 1er novembre donc. Le ton était ainsi donné pour la tête d’affiche qui s’inscrit dans le même genre d’univers musical.

Découverte en 2010 avec le succès planétaire de son album « Philharmonics », l’artiste danoise Agnes Obel a immédiatement inscrit son nom au palmarès des grands de la musique pop-folk. Après un premier passage réussi au Cirque Royal lors de la sortie de son premier opus, elle revient enchanter le public bruxellois dans le cadre de la promotion de son nouvel album « Aventine » sorti en 2013.

Jamais je n’avais vu un décor aussi sobre. En fait, il n’y a aucun fond à la scène. Le public a donc vue sur l’arrière de la scène et les cintres. Un décor dépouillé pour une musique qui l’est tout autant. Agnes Obel au piano raconte des histoires en chantant de sa voix claire et douce. Elle est accompagnée de Mika Posen au violon et à l’alto (artiste canadienne membre du trio Timber Timbre) ainsi que de la violoncelliste berlinoise Anne Müller.


Le concert commence par « Louretta », un joli instrumental tiré du premier album. La chanteuse enchaîne avec « Philharmonics ». Au début, on peut entendre à sa voix que l’artiste est souffrante. Très vite pourtant, cette voix va s’échauffer et redevenir tout à fait normale. Ouf ! On a eu peur un court instant…

Sur le plan purement musical, les mélodies simples voient leur efficacité amplifiée par les combinaisons harmoniques parfois complexes, mais jamais lourdes, entre les instruments et la voix. La rythmique est aussi très particulière et confère à plusieurs morceaux un caractère lancinant, presque hypnotisant. Tout est dans la subtilité et l’émotion. Le répertoire de l’artiste danoise est très cohérent et elle passe allègrement de son premier album au second. La transition entre les morceaux s’effectue en douceur. L’ambiance est feutrée, le public très attentif. Les trois musiciennes ont une maîtrise parfaite de leur instrument. On sent le bagage classique. La qualité de l’instrumentation est remarquable. Plusieurs des musiques entendues rappellent l’époque où les artistes – français surtout – n’hésitaient pas à intégrer des instruments classiques dans l’accompagnement musical de leurs chansons.

Une chose frappante est la volonté de l’artiste de rester en retrait de son œuvre. Pour preuve, la sobriété et le dépouillement de la mise en scène et des lumières. Quand elle monte sur scène, Agnès Obel s’assied au piano installé perpendiculairement au public. Quand elle commence à jouer, on ne distingue que son profil droit. De plus, une grande mèche blonde cache toute une partie son visage. Il faudra attendre la fin du 2e morceau avant qu’elle se tourne vers le public qui l’ovationne. L’accent est mis sur la musique avant tout. L’on perçoit la volonté de l’artiste de ne pas jouer sur son physique pourtant avantageux. Ce qui compte, c’est la musique avant tout. La voix est là pour raconter les histoires et pas pour focaliser toute l’attention comme chez les chanteuses dites à voix.

Quand Agnes Obel écrit ses textes, chaque histoire a une explication concrète pour elle, mais elle ne souhaite pas que son interprétation interfère avec l’expérience que les gens pourraient eux-mêmes faire de sa musique. Elle conçoit la musique comme un état d’esprit, comme une expérience. Et c’est exactement la sensation que l’on éprouve lorsque l’on assiste à un de ses concerts.

La setlist se présentait comme suit :

  1. Louretta (extrait de « Philharmonics »)
  2. Philharmonics (extrait de « Philharmonics »)
  3. Beast (extrait de « Philharmonics »)
  4. Fuel to Fire (extrait de « Aventine »)
  5. On Powdered Ground (extrait de « Philharmonics »)
  6. Chord Left (extrait de « Aventine »)
  7. Aventine (extrait de « Aventine »)
  8. Dorian (extrait de « Aventine »)
  9. Wallflower (extrait de « Philharmonics »)
  10. Riverside (extrait de « Philharmonics »)
  11. Run Cried the Crawling (extrait de « Aventine »)
  12. Words Are Dead (extrait de « Aventine »)
  13. The Curse (extrait de « Aventine »)

Bilan de la soirée : un public conquis par la sensibilité et l’émotion qui se dégagent de la musique d’une très grande artiste restée très modeste.

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