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Des Crocodiles de moins en moins agressifs

Affirmer que Brandon Welchez soit du genre à se prélasser sous le soleil de sa Californie natale reviendrait à nier une évidente réalité. Jugez plutôt : un peu plus d’un an après avoir joué au Witloof Bar, il était déjà de retour au Botanique accompagné de ses Crocodiles ce lundi 30 septembre avec un nouvel album sous le bras, « Crimes Of Passion ».

Cette fois, c’est à la Rotonde que l’événement se déroulait et une première partie avait même été programmée via Swingers, un quatuor qui prône le post rock dans sa mouture classique, celle qui fait la part belle aux guitares lourdes et aux atmosphères déstructurées violemment planantes. Après plusieurs années de pratique, ils ont finalement sorti leur premier album en juin dernier et sont depuis en train de se faire un nom à coups de concerts.

On pense par moments davantage à l’univers mélodieux d’I Like Trains qu’à celui de Mogwai, mais la brutalité de certaines parties nous ramène bien vite sur terre au travers d’une noirceur glaciale caractéristique. Ceci dit, s’il s’agit d’une musique destinée aux oreilles averties, leurs compositions pourtant travaillées et parfaitement interprétées finissent par tourner en rond. Pas évident de renouveler un style, surtout lorsque l’on a quarante minutes à combler…

Crocodiles, les natifs de San Diego, ont sorti récemment leur quatrième album, « Crimes Of Passion ». Une plaque dont la production léchée a été confiée à Sune Rose Wagner, le génie à la barre des Raveonettes. Le Danois a conféré au groupe un son moins noisy et davantage poppy, si bien que les guitares sombres et cinglantes de « Sleep Forever » (qui leur avaient permis de se produire en support de White Lies à l’AB) s’en sont quelque peu retrouvées adoucies.

Malgré une énergique entrée en matière puisée dans cette plaque de 2010 (« Hearts Of Love »), le groupe de Brandon Welchez va bien vite se plonger dans ce qui sera le plat principal de la soirée, à savoir la présentation du nouvel opus. Il était en effet préférable de bien le maîtriser au risque de se retrouver perdu. Car à titre d’exemple, en Belgique, le single « Cockroach » ne passe pas vraiment sur les ondes.

Le leader porte exactement la même chemise à tendance léopard qu’il y a un an et son look élancé à la coiffure en brosse le rapproche de plus en plus d’un autre Brandon (Flowers), le chanteur des Killers. Plus que jamais, la reverb dans sa voix fait partie intégrante du son du groupe (on la remarque même quand il converse entre les morceaux). Par ailleurs, si un musicien (une musicienne en l’occurrence) a gagné des galons dans l’intervalle, il s’agit bien de la claviériste dont les nappes vintage 60’s vont se retrouver mises en exergue ce soir.

Parmi les nouvelles compositions, on retiendra notamment un nerveux « Teardrop Guitar », sans doute le morceau qui se rapproche le plus de leurs racines ainsi que deux titres (« Heavy Metal Clouds » et « Me And My Machine Gun ») plus Raveonettes que nature. La patte de Sune Rose Wagner a l’air de les avoir touchés plus profondément qu’il n’y parait. Mais on a surtout l’impression que tout est joué machinalement sans vraiment de passion (d’où le titre de leur dernier disque ?).

D’autant qu’ils ont beau avoir quatre albums à leur actif, un concert de Crocodiles ne dure jamais très longtemps. Après un ancien « Neon Jesus », les deux classiques noisy que sont « Sleep Forever » et « Mirrors » vont renouer avec leur (regretté) mur du son avant de stopper à un moment où l’intensité devenait enfin palpable.

Ils vont tout de même revenir sur scène pour un rappel qui va souffler le chaud et le froid. En effet, à côté du mou et dispensable « Marquis De Sade » (Brandon troquera sa guitare contre des maracas, c’est dire…), ils vont enfin se plonger dans « Endless Flowers », leur sous-estimé album de 2012 pour y extraire les deux perles que sont « Sunday (Psychic Conversation #9) » et « Welcome Trouble ». Même s’ils ont joué dix minutes de plus que la dernière fois, il a régné comme un sentiment de trop peu. Et si un break leur était salutaire ?

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