Glanum Rock : le métal au pays des Santons !
En villégiature dans le sud de la France, une amie attire mon attention sur l’édition de cette année du Glanum Rock et son affiche alléchante. J’avais déjà entendu parler de ce festival organisé chaque année au mois d’août dans la charmante localité de Saint-Rémy de Provence, mais assez curieusement, je n’y étais jamais allé. Il était temps de combler cette lacune dans ma culture et j’étais d’autant plus curieux de m’y rendre que le métal n’est pas le genre le plus en vogue dans le Sud. Sur place, je contacte l’organisateur de l’événement. Malgré ma demande tardive, il me fait l’amabilité de m’accepter comme journaliste/photographe. Au programme, trois excellents groupes : Manigance, Heavenly et Vanden Plas. La soirée s’annonce excellente !
Renseignements pris, le festival Glanum Rock en était cette année à sa 16e édition ! Contrairement à ce que son nom pourrait faire croire (Glanum est le nom des ruines romaines que l’on peut visiter à la sortie de la ville, sur la route des Baux-de-Provence), le festival n’avait pas lieu sur le site historique même ou dans des arènes façon Spartacus, mais bien dans un complexe hypermoderne, l’Alpilium, l’auditorium flambant neuf de la municipalité.
À mon arrivée en deuxième moitié d’après-midi, les activités à l’extérieur de la salle battent leur plein: concerts de groupes amateurs, expo de guitares, bar, animations… Les portes de la salle sont encore fermées pour permettre aux techniciens de faire tous les derniers réglages. Je commence donc par un petit tour du propriétaire, sous un soleil radieux. Tout a l’air plutôt bien organisé. Pas de centurions romains pour assurer la sécurité, mais une équipe moderne, souriante et efficace. On est à mille lieues des clichés, sauf pour l’accent du Sud qui fait chanter les mots. Tous les bénévoles s’investissent à fond pour assurer la réussite de l’événement.
À l’extérieur, plusieurs petits groupes jouent devant un public clairsemé, sans doute pour la première fois de leur vie. Malgré quelques fausses notes ou une voix parfois défaillante, l’enthousiasme est au rendez-vous et les artistes en herbe s’éclatent. L’ambiance est conviviale. Il fait délicieux sous le soleil de fin d’après-midi. Le décor est superbe. Un bar pour se désaltérer et une baraque à frites version provençale pour ceux qui ont besoin de se caler l’estomac. Que demander de plus ?
Arrive enfin l’heure de pénétrer dans la salle de concert. Au chant des cigales va succéder le chant du métal… Le premier groupe annoncé est Manigance. Plantons d’abord le décor. Originaire de Pau et créé en 1995, Manigance est une des grandes formations de métal progressif chanté en français et compte à son actif 6 albums, dont 1 live enregistré à l’Élysée-Montmartre en 2005. Le groupe a su se faire une place au soleil : nommé meilleur groupe français par Hard Rock Magazine en 2003, Manigance joue notamment en ouverture pour Whitesnake ou Scorpions à l’Olympia, et tourne avec DragonForce et Firewind. Et dire que je ne les connaissais pas ! Quelle lacune dans ma culture musicale… Vérification faite, ils sont pourtant passés au PPM Fest en 2012. Certains s’en souviendront certainement.
Sur scène, les leaders du heavy metal made in France (Pau) ont tout pour séduire même si certains observateurs avertis trouvent le groupe un peu rouillé et approximatif. Pour ma part, j’entends un son métal pur jus (de raisin, vu la région où nous nous trouvons), avec des lignes mélodiques travaillées et d’excellents riffs de guitare sur lesquels viennent se greffer des paroles en français. Je m’y attendais tellement peu qu’il me faudra plusieurs minutes pour me rendre compte que les paroles sont effectivement écrites dans la langue de Molière. Contre toute attente, la sauce prend : Didier Delsaux (chant), François Merle et Bruno Ramos (guitare), Daniel Pouylau (batterie), Marc Duffau (basse) et Jean Lahargue (claviers) supportent largement la comparaison avec beaucoup de leurs homologues anglophones. Le groupe gagne d’ailleurs en aisance à mesure que le concert avance et s’attire la sympathie du public en interprétant des morceaux de ses différents albums avec des titres comme « En mon nom », « Dernier allié », « Mercenaire » ou encore « Récidiviste ». Le groupe est à l’aise et communique avec son public dans une ambiance détendue. La prestation de la formation paloise termine par son fameux « Privilège » et là, ça y est, le public commence à être chaud. Une agréable découverte donc pour ouvrir la soirée!
Après cette entrée en matière appétissante et la nécessaire pause technique pour installer le matériel pour les artistes suivants, c’est au tour du groupe Heavenly de venir dépoussiérer les tympans des métalleux du Sud de la France (et ils sont plus nombreux que je ne le pensais). Ce groupe de speed metal qui compte déjà 5 albums à son actif commence son spectacle, comme le veut la tradition, par l’excellent « Carpe Diem ». Je vois arriver sur scène un type qui exhibe ses pectoraux et ses tablettes. Ma première impression est que sa voix ne colle pas à son physique. Passé le premier instant de surprise, je me rends compte que Ben Sotto, le chanteur, a des facultés vocales étonnantes et sort des notes incroyables. La voix, les guitares et même les compositions rappellent fortement Queen et le regretté Freddie Mercury. Pourtant, le groupe n’est pas un coverband. Il joue ses propres compos, dont certaines sont un très bel hommage au groupe anglais. Quand le groupe attaque« A Better Me », c’est le grand frisson. En fermant les yeux, on se croirait vraiment en présence de l’irremplaçable Freddie. Mais il n’y a pas que du Queen. Le groupe est aussi spécialisé dans le Speed Metal et le Power Metal. Sur certains morceaux, je me suis même surpris à trouver des similitudes avec les Autrichiens de Serenity. Les morceaux s’enchaînent, on ne voit pas le temps passer, tant nos oreilles nous inondent de sensations délicieuses. Ben Sotto (chant), Frédéric Geai-Schmitt (basse), Nico Marco (claviers), Olivier Lapauze (guitare) et Piwee (batterie) envoient des compos aussi entraînantes qu’accrocheuses. Reste à espérer qu’ils nous gratifieront bientôt d’un petit passage en Belgique ! D’après le site officiel du groupe, leur dernière venue (au Biebob) remonte au 30/11/2001.
Après une dernière pause technique, nous voilà tous prêts à accueillir comme il se doit la tête d’affiche du jour : Vanden Plas, le groupe de métal progressif allemand. Alors que leur prochain opus (« Chronicles Of The Immortals – Netherworld ») est attendu pour la fin de l’année, le groupe originaire de Kaiserslautern s’est offert deux concerts cet été : l’un à Bâle et l’autre à St Rémy de Provence. Pour la plus grande joie des fans présents (vacanciers ou locaux). Le ton est donné d’entrée de jeu avec« Postcard to god » dans une version bien heavy. Malgré quelques petits problèmes techniques et de balance, la formation menée par Andy Kuntz (voix) ne se laisse pas décontenancer et enchaîne les titres avec conviction et professionnalisme. Sa voix m’impressionne. Sans être exceptionnelle, elle colle parfaitement aux morceaux du groupe. Petit bémol : le clavier de Günter Werno écrase un peu les autres instruments, surtout la guitare de Stephan Lill. Andreas Lill à la batterie et Torsten Reichert à la basse complètent le tableau.
Le groupe enchaîne des titres avec une maestria inégalable dans les parties prog hypertechniques. Le seul petit reproche qu’on puisse leur faire est d’avoir exploité un peu trop la carte prog. Pas certain que tous les rockeurs présents dans le public aient apprécié car pour les personnes non averties, le prog donne souvent l’impression de tirer un peu en longueur… C’était pourtant une tracklist qui avait des airs de « greatest hits » avec des titres comme « Holes in the Sky », « Christ O », « Far Off Grace » ou encore « Quicksilver » et « Silently ». Personnellement, j’ai retrouvé les mêmes sensations qu’au PPM Fest où le groupe m’avait déjà fait forte impression. Des grands pros à la manoeuvre, des compositions soignées et originales, une interprétation sans faille. Le pied, quoi ! Vivement la sortie du nouvel opus !
En résumé : une organisation sans accroc, une affiche pleine d’excellentes surprises, une scène magnifique. Que souhaiter de plus ? La venue d’ACDC ou Metallica ? On peut rêver, non (LOL) ? Encore bravo aux organisateurs. Longue vie à leur festival et vivement l’édition 2014 du Glanum Rock !
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Photos © 2013 Hugues Timmermans