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VERONICA FALLS à l’AB, une chute temporaire ?


Une grosse année après avoir foulé une première fois les planches de l’AB Club, les Londoniens de Veronica Falls étaient de retour dans le complexe du boulevard Anspach ce mardi 14 mai. Cette fois, c’est un étage plus bas, à l’AB Box, qu’ils ont posé leurs amplis avec en toile de fond leur deuxième album, « Waiting For Something To Happen ». Ceci dit, malgré l’heure tardive assez inhabituelle pour une première partie (20h30), les spectateurs ne se pressaient pas au portillon au moment où Dirty Beaches a pris possession de la scène dans une ambiance menaçante. L’intro du premier titre, presque flippante, allait faire place à des riffs de guitares froids et à une voix qui l’est tout autant. Une sorte de post punk encore plus extrême que celui de Johnny Hostile la veille au Bota, en support de Savages.

L’homme derrière ce projet, le Taïwanais d’origine installé au Canada Alex Hungtai, explore depuis de nombreuses années les méandres de la musique new wave héritée de la fin des 70s, juste avant que les nouveaux romantiques ne la colorent à coups de nappes synthétiques sucrées. La prestation de ce soir va passer par plusieurs stades qui éveilleront notre intérêt. Ainsi, des rythmes tribaux hypnotiques vont succéder à des beats industriels dans un volume qui dépasse souvent l’entendement, le tout dans un environnement glacial (la batterie électronique y est pour beaucoup). Une prestation pas aussi inintéressante que certains pourraient le prétendre, malgré son inaccessibilité toute relative…

Veronica Falls a donc sorti un deuxième album en février dernier, « Waiting For Something To Happen ». Un album accueilli assez froidement par la critique, sans doute car il ressemble davantage à une copie conforme du premier qu’à une réelle évolution musicale. Restait à découvrir si l’interprétation en concert des nouveaux morceaux pouvait apporter le relief qui leur fait défaut sur disque.

C’est justement avec « Tell Me », la plage d’intro (assez faible) de la nouvelle plaque qu’ils entameront leur set et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas l’air de se soucier de leur image. Il suffit de regarder l’accoutrement de la chanteuse Roxanne Clifford (franchement de mauvais goût) pour s’en convaincre. Ajoutez à cela qu’ils tirent la tronche en permanence (particulièrement la bassiste Marion Herbain qui attendra les rappels pour décocher un timide sourire) et vous aurez une idée du tableau.

Finalement, ce sont encore les hommes qui s’en tirent le mieux, à commencer par le chanteur guitariste James Hoare (on dirait le sosie d’Adam Green des défunts Moldy Peaches). Quant au batteur Patrick Doyle, c’est lui qui va assurer le dialogue car ses compères, à de rares exceptions près, le réduiront à sa plus simple expression. Musicalement, les excellents « Broken Toy » et « Teenage » font penser à un mélange moelleux entre les Primitives et les Raveonettes. Un délice pour les oreilles que prolonge « Waiting For Something To Happen », un exemple type de pop insouciante (« If You Still Want Me » s’inscrira un peu plus tard dans la même veine).

Mais voilà, lorsqu’elles se retrouvent face aux bombes que sont toujours « Beachy Head » ou « Found Love In A Graveyard » qui dégagent plus de hargne, on ne peut que constater la différence de potentiel entre les deux albums. Et cela ne fera que s’accentuer au fur et à mesure du set, surtout que les morceaux sont interprétés de façon rectiligne et sans grande conviction (les dispensables « Buried Alive » et « Wedding Day »). Alors que l’on n’en attendait plus grand-chose, « Come On Over » va tout de même conférer un certain regain d’intérêt à leur prestation. Un peu tard puisque c’est avec ce titre qu’ils clôtureront les débats, après à peine une quarantaine de minutes.

Deux titres supplémentaires seront tout de même joués en rappel, à commencer par le nerveux et impeccable « Right Side Of My Brain » alors qu’une cover de Roky Erickson (« Starry Eyes ») mettra un terme à un concert qui ne restera pas dans les annales. Honnêtement, on attendait un peu plus du quatuor anglais…

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