Stache – fnac bxl – 15 février 2003
Quel monde, dites donc ! Au moins 40.000 personnes ! Un succès de foule attendu, mais qui va bien au-delà des chiffres annoncés. Tous ces gens qui criaient et chantaient en coeur… « non à la guerre ! »… Intention louable, cela va s’en dire. Mais les manifs… n’y suis pas vraiment ‘accro’… Après une petite demi-heure, je me suis donc éclipsé des artères bruxelloises pour rejoindre mon quartier général habituel du week-end, à savoir le forum de ce ‘charmant’ magasin en quatre lettres.
Au programme ce samedi-là, le groupe d’Opwijk, Stache. Je les avais déjà vus au même endroit en mai 2001. Ce jour-là, ils n’en étaient à peine qu’à leur quatrième concert, mais s’étaient déjà montrés très séduisants. Depuis, 2 ans se sont écoulés, ainsi qu’une petite cinquantaine de représentations, en festivals et en clubs. Ils ont
donc pris de la bouteille et de l’assurance. Surtout de la bouteille ? Mais non, voyons !
Actuellement, Stache assure la promotion de son second et tout nouvel album Thee Without Sin, Throw The First Stone, paru au début de l’année. Et pour cette mini tournée des Fnac belges, c’est en formation acoustique qu’on les retrouve : 2 guitares sèches, piano Roland et batterie Tama.
Dès le premier morceau, le souvenir que l’on avait gardé d’eux remonte à la surface en un clin d’oeil. Celui d’un band très intéressant bien au-dessus de la mêlée de la production locale et nationale. Le genre de groupe qui bizarrement – à moins que ça soit logique finalement – ne parvient pas à s’exporter.
Ils possèdent pourtant un répertoire en béton armé. Des compositions intelligentes, habillement construites, recherchées. A des années lumières du hit parade, évidemment. Le genre de morceaux qui ne rentrent pas directement dans la tête. Tu sors de là incapable d’en siffloter l’un ou l’autre. Par contre, tu n’arrêtes pas d’y penser. Ils reviennent te hanter quand tu ne t’y attends pas.
C’est essentiellement l’univers dans lequel ils se situent qui y est pour quelque chose. De la musique dite ‘lo-fi’. N’allez pas me demander la définition du genre, svp… Par contre, si vous voulez quelques références, en voici ! Les amateurs de 16 Horsepower seront ravis. C’est tout-à-fait cela en fait. Des ambiances lugubres
et sombres à souhait, une batterie lourde, et une sorte de tension constante. Et puis des textes que ne renierait pas David Eugène Edwards.
Sans oublier cette voix aussi. Qui, par moments, fait furieusement penser à l’ami Tom Waits. Sauf qu’ici, hélas, on sent justement le côté à-la-Waits. Genre « je prends ma grosse voix, celle qui vient de loin et qui en a vu passer des litres et des litres ». Comme on dit : « trop is te veel ».
Bref, ne soyons pas farouches, même quand l’eau nous vient à la bouche… nous assistons là à un très bon set de 3/4 d’heure. Des morceaux réellement envoûtants. Un éventail de talents divers. Des influences glanées ici et là, mais surtout pas n’importe où ! Ne reste plus qu’à distiller un peu l’ensemble maintenant. Un, deux,
trois, on secoue le tout pour passer à la case suivante. Celle où en plus de tenir la route musicalement, notre propre personnalité se fait entendre davantage.
Evidemment, quand le leader Gunther Verspecht rejoint son piano Roland pour 2 chansons en solo, on oublie de suite les quelques bémols énoncés. L’homme et son instrument. J’ignore si lorsque l’on est musicien, on arrive à prendre du recul devant un tel spectacle, mais franchement, je dois bien avouer que abasourdi, je l’étais ! Une telle symbiose entre ces notes et cette voix de velours. Une sensibilité, une justesse, un feeling très impressionnants. Je me dis à ce moment précis que la musique interprétée de la sorte est un art merveilleux et infini. Celui par lequel et pour lequel, je parviens envers et contre tout à me lever le matin.
Ce groupe – qui pour rappel se nomme Stache – fera encore un peu parler de lui dans les semaines à venir, jusqu’à l’été et ses festivals sans doute, puis ainsi va la vie, retournera dans un certain anonymat. Jusqu’au prochain album. Etc.
Ceci dit, maintenant, nous sommes ravis de savoir qu’ils existent. Et grâce à qui ? A eux exclusivement !
Stache – Bruxelles – 15 février 2003
Yann
ps : photos, paroles, concerts, pistes audio sur le site officiel www.stache.be.