dEUS clôture son année en beauté à Forest

Cela s’apparente désormais à une tradition. À chaque sortie d’album, Tom Barman et ses comparses de dEUS s’offrent un bain de foule dans une grande salle belge deux soirs d’affilée. Après le Lotto Arena la veille, c’est à Forest National que le groupe anversois achevait son année 2011 ce samedi 17 décembre.
Comme cela avait déjà été le cas au printemps dernier lors du concert qu’ils avaient donné dans le cadre des Nuits Botanique, ce sont leurs amis de Balthazar qui ont eu la chance de se produire en avant-programme. Mais cette fois-ci, ils avaient droit à quarante-cinq minutes de prestation, ce qui leur a permis d’installer leur univers pas toujours simple à cerner, profitant au passage d’une balance impeccablement réglée, chose assez rare que pour ne pas être signalée dans cette salle où les premières parties sont souvent reléguées au statut de figurants.
Rien de tout cela ce soir car le groupe emmené par Maarten Devoldere va tirer son épingle du jeu en imposant ses compositions singulières à un public curieux à défaut d’être nombreux à ce moment-là. Caractérisé par une basse qui claque et quatre voix complémentaires (seul le batteur ne participe pas aux vocaux), leur son bénéficie en plus d’une lumineuse aptitude à se parer d’arrangements qui ne sont pas sans rappeler ceux de Cold War Kids par exemple. Outre les indémodables extraits de leur première plaque (« Applause ») que sont « Fifteen Floors », « Hunger At The Door » ou « The Boatman », on a eu droit à l’un ou l’autre nouveau titre accrocheur, pour ne pas dire prometteur. Mention particulière au désormais final classique qu’est « Blood Like Wine », qui gagne en puissance à chaque interprétation. Vivement le deuxième album.
« Keep You Close », le sixième album de dEUS, est finalement arrivé à l’automne. Si l’on fait le compte, ce sont donc trois bonnes années qui se sont écoulées depuis le musclé « Vantage Point » alors que Tom Barman avait pourtant promis à l’époque de lui donner un successeur rapidement. Enfin, ne chicanons pas sur des détails, il s’agit d’un bon crû, si ce n’est peut-être « The Final Blast » qu’ils vont choisir d’interpréter en intro du concert. Ce titre n’a en effet aucune cogne et il passe aussi inaperçu sur scène que sur disque. N’en tirons cependant aucune conclusion hâtive car il allait s’agir de la seule fausse note de la soirée…
En effet, « The Architect » tout d’abord, « Constant Now » directement après vont nous montrer un groupe en pleine forme. À l’instar de Balthazar, ils jouent tous de front, à l’exception du batteur Stéphane Misseghers, légèrement en retrait. Tom Barman, décontracté, joue son rôle de leader à la perfection, en parvenant même à ne plus faire sursauter l’assemblée lors de ses interventions. À ses côtés, Mauro Pawlowski, sapé comme un prince, va confirmer qu’il est né avec une guitare entre les mains alors que le violon et les claviers en tout genre de Klaas Janzoons participent plus que jamais au son de dEUS, à l’instar de la basse d’Alan Gevaert.
À l’occasion, ils se font également accompagner de deux trompettistes dont le look strict et les lunettes de soleil renvoient immanquablement aux Blues Brothers. Derrière eux, un immense rideau servira d’écran sur lequel seront projetés des formes géométriques ou des effets visuels multicolores dont le juste dosage va apporter un réel plus à la prestation du groupe.
Par rapport aux Nuits Botanique où ils n’avaient joué que trois nouvelles compositions, ils vont ce soir orchestrer la première partie de la set-list autour de « Keep You Close » et on va se rendre compte que les nombreux concerts donnés en Europe ont entre-temps aidé à développer les prenants « Easy » et « Twice (We Survive) » ou encore l’excellente plage titulaire, alors que le saccadé « Dark Sets In » va s’enchaîner avec bonheur à « If You Don’t Get What You Want », confirmant au passage leur habilité intacte à composer des classiques.
Et il y en a, des titres de référence dans leur impeccable back catalogue. À commencer par « Instant Street », dont le final endiablé va faire trembler Forest National sur ses bases. Mais « Slow » va également tirer son épingle du jeu tandis que le poppy « Little Arithmetics » fera réagir la foule qui reprendra les onomatopées du refrain à l’unisson. Mentionnons également le très bon « Sister Dew » qui avait disparu de la circulation depuis longtemps et le crescendo « Bad Timing », qui va mettre un terme au set principal après que Tom Barman ait communiqué son extase à un public en délire et chaud comme la braise.
Surtout qu’il avait décidé d’être généreux ce soir et de faire durer le plaisir en se lançant dans un long rappel, entamé avec « The End Of Romance », un titre dont le début mi parlé mi chanté à la manière suave de Barry White à de quoi surprendre. Mais le final nous rassure quand à l’esprit toujours rock ‘n’ roll du leader. La suite sera plus classique et bien soutenue avec l’intensément construit « Sun Ra » et le délicieusement bordélique « Fell Off The Floor, Man » (pointons l’humour et l’ouverture d’esprit de Tom Barman qui va crier « Barbra Streisand » avant une envolée propre à la composition, en référence au tube électro de Duck Sauce). Sans surprise, c’est un traditionnel « Suds And Soda » qui va mettre un terme au concert.
Sauf que cela n’était pas tout à fait terminé, pour le plus grand bonheur d’un public prêt à poursuivre les sauts dans la fosse. Ceci dit, le groupe allait baisser d’intensité en entamant le célèbre « Theme From Turnpike », toujours aussi flippant qu’à l’époque où le clip était diffusé avant la projection de Trainspotting au cinéma. Pour la petite histoire, c’est « Nothing Really Ends » qui était mentionné sur la set-list officielle, mais il sera purement et simplement zappé (rappelons qu’il avait déjà été abandonné après quelques mesures au Bota). C’est finalement avec un titre des débuts qu’ils vont prendre congé de Forest. « Hotellounge (Be The Death Of Me) » sera le chant du cygne d’une prestation généreuse et intense qui aura duré près de deux heures. dEUS est toujours bien une tête au-dessus de la concurrence en Belgique…

Bon, allez je vais m’inscrire en faux par rapport à ce qui est écrit plus haut…
Oui ! dEUS est un excellent groupe, la prestation est nickel…
Mais malgré que j’apprécie vraiment les derniers albums… le concert à vraiment démarré aux rappels… Fell On the Floor Man… a lancer les hostilités… Trop excellent morceau… joué à la perfection…
Peut-être que les dernières productions de dEUS sont un poil trop « lisses », trop léchées… trop propres-sur-elle… J’aurais aimé un peu moins de Keep You Close et un peu + de « vieilleries » style Serpentine, par exemple… ou « Roses »… Quand au son, c’était pas non plus exceptionnel… et surtout beaucoup trop fort… surtout sur « suds & Soda »… J’étais un peu en hauteur, assis… et de là, on voyait assez bien que les nouveaux morceaux étaient gentiment applaudis mais que la foule restait malgré tout statique… Il aura fallu « Little Arithmetics » pour un peu rassurer Vorst Nationaal…
Mais ne boudons pas notre plaisir… c’était un bon concert, malgré tout, mais l’émotion et le partage magique scène-public n’a vraiment démarré que sur les vieux morceaux nettement plus typés que les récents…
Un excellent bon point pour Balthazar que j’ai trouvé excellent… Allez Hop ! Soutenons la culture flamande en achetant leur album…