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La face cachée de THE LEISURE SOCIETY


L’excitation des Nuits à peine retombée, le Botanique retrouve son quotidien et la mission de précurseur qui est la sienne. À propos, c’était justement à la Rotonde que l’on avait découvert sur scène The Leisure Society il y a un peu moins de deux ans. Ce mercredi 1er juin, le groupe emmené par Nick Hemming revenait au même endroit pour y présenter « Into The Murky Water », son recommandable deuxième album. Sauf que ce soir, le public est autrement plus nombreux. Un public de connaisseurs, cela va sans dire, vu la rotation pour ainsi dire nulle du groupe sur les ondes par ici. Mais un public qui avait aussi envie de jeter une oreille à Dan Miller, choisi pour assurer la première partie. Et, autant le dire d’emblée, on a été conquis par la prestation du Bruxellois qui se fait accompagner sur scène par quatre musiciens de premier choix dont un claviériste prépondérant et une seconde voix féminine discrète (mais essentielle) en support.

Assez conceptuel (on pourrait parler d’arbres et de racines au vu des décors et du maquillage), leur univers n’en reste pas moins rêveur et relaxant, à l’image de l’atmosphère chaleureuse qu’ils installeront patiemment. Il est vrai que la voix rassérénante du chanteur sied à merveille aux compositions travaillées qui vont émailler leur set. On pense aux moments les plus tendres de Mud Flow, bien que des intonations à la Brian Molko viennent ça et là apporter de la diversion. Ils n’ont en tout cas pas raté leur rendez-vous avec la Rotonde et ont même offert un petit bonus aux spectateurs en interprétant un titre sans amplification, tout au bord de la scène. On ne s’attendait pas à autant d’intensité pour débuter la soirée…

La dernière fois que The Leisure Society est passé par le Botanique, c’était en automne 2009 et le temps maussade qui régnait alors avait amplifié la tristesse qui transpirait de « 
The Sleeper
« 
, leur premier album. On n’ira pas jusqu’à dire que l’on était en train de déprimer mais leur prestation n’avait pas provoqué des salves de fous rires dans l’assemblée.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Nick Hemming a retrouvé le moral. Les déboires amoureux qui lui avaient inspiré le magnifiquement triste « The Last Of The Melting Snow » désormais enfouis, il a pu se concentrer sur la composition d’un deuxième opus bien plus coloré, « 
Into The Murky Water
« 
(rien que la pochette confirme nos dires), dont ils vont jouer la plage titulaire en guise d’intro du concert.

C’est carrément une petite troupe qui s’est retrouvée au centre de l’attention puisque derrière le leader chanteur guitariste et son complice Christian Hardy (aux claviers et à la répartie entre les morceaux), pas moins de cinq musiciens font office d’orchestre. Petite particularité, la batterie est placée à l’extrême droite de la scène, quasi en dehors de celle-ci. On remarquera également que deux instruments vont se retrouver particulièrement mis en exergue (ce qui est beaucoup moins le cas sur disque) : une flûte traversière et un violon. Admettons toutefois que le premier nommé se révélera par moments un peu too much (au point de donner une vision free jazz à certains morceaux).

Preuve du nouvel état d’esprit de Nick Hemming : les nouveaux titres bien entendu, qui respirent la joie de vivre (les excellents « The Hungry Years » et « Dust On The Dancefloor »), mais également un humour retrouvé. Il prendra régulièrement la parole entre les morceaux et partagera une complicité bon enfant avec Christian Hardy. Quant aux extraits du premier album, ils seront abordés d’une manière beaucoup plus euphorique. « Save It For Someone Who Cares » ou « We Were Wasted » seront ainsi transformés et libèreront une douce euphorie que l’on ne leur soupçonnait pas. Le précité « The Last Of The Melting Snow », quant à lui, conserve une émotion intacte à côté de laquelle il est difficile de passer.

D’une manière générale, la configuration et la délicatesse des compositions renvoient à la pop orchestrale limite symphonique de The Divine Comedy (« You Could Keep Me Talking », « I Shall Forever Remain An Amateur »). On épinglera encore « Better Written Off (Than Written Down ») et « Just Like The Knife », deux titres dont les versions ce soir feront revoir mon jugement établi lors de l’analyse de l’album. Comme quoi, rien n’est jamais figé sur une scène…

En tout cas, le public aura clairement accroché et c’est sous un déluge d’applaudissements que le groupe reviendra pour une première série de rappels entamée gentiment avec « A Short Weekend Begins With Longing » avant que leur reprise du « Me And Julio Down By The Schoolyard » de Paul Simon ne fasse monter l’ambiance d’un cran. Plus subtil mais tout aussi exotique, « A Matter Of Time » va poursuivre sur la lancée et permettre aux musiciens de communier une dernière fois avec des spectateurs bien en verve. Du moins c’était ce que l’on pensait en les voyant rejoindre l’espace backstage.

En fait, puisqu’il s’agissait de la dernière date de la tournée, ils entendaient bien en profiter jusqu’au bout. C’est la raison pour laquelle ils reviendront pour deux morceaux supplémentaires tout à fait improvisés, dont un sera joué au beau milieu du public avant qu’ils ne remontent sur scène pour un décalé « Pancake Day », point final d’une soirée réussie et étonnamment positive. Si on m’avait dit qu’un jour je sortirais d’un concert de The Leisure Society avec un grand sourire, j’aurais eu du mal à le croire. Et pourtant…

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