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L’humour intarissable de WE ARE SCIENTISTS


Alors que le nouvel album de We Are Scientists (« Barbara ») sort ces jours-ci, c’est dans les locaux de Studio Brussel que nous avons été conviés afin de tailler une petite bavette avec les deux boute-en-train que sont Keith Murray (le chanteur guitariste grisonnant à la gueule de star) et Chris Cain (le bassiste à la pilosité faciale variable). Le défi aura été d’arriver à séparer le vrai de la plaisanterie, l’info de l’intox, tout en ne se laissant pas décontenancer par leur accent américain prononcé. C’est parti…

Olivier Wouters: Salut Keith, salut Chris! Alors, comment s’est passée la journée?

Chris Cain: C’était super! On a reçu des cookies, un ananas, euh… quoi d’autre? C’est de cette manière que je mesure notre degré de succès…

Keith Murray: deux salades, deux sandwiches, une tasse de café…

OW: Intéressant, surtout si l’on sait que l’un de vous deux est végétarien…

CC: C’est Keith qui est végétarien. Moi, je ne mange que de la viande (air sadique).

OW: Je savais que cette interview allait prendre une tournure fantaisiste (rires). Vous êtes sur le point de sortir votre troisième album. Quel est votre état d’esprit?

KM: Depuis « Brain Thrust Mastery » en 2008, plein de choses ont changé. A commencer par le poste de batteur, qui est désormais rempli par Andy Burrows, l’ex-batteur de Razorlight.

OW: Comment l’avez-vous rencontré?

KM: On l’avait croisé quelques fois, même si on n’a jamais eu l’occasion de jouer ensemble. Lorsqu’il a quitté Razorlight, il a spontanément manifesté son désir de jouer avec nous… Non, soyons sérieux, on lui avait demandé bien avant s’il était intéressé de jouer sur l’un ou l’autre extrait de notre album.

CC: Car on avait prévu sept batteurs différents pour l’enregistrement du disque…

KM: En tout cas, il était très enthousiaste à l’idée. Et je pense qu’il a gardé cette proposition quelque part dans sa mémoire car il nous a rappelé en nous annonçant qu’il était même disposé à enregistrer l’entièreté de la plaque avec nous.

CC: On a donc dû annoncer la triste nouvelle aux six autres batteurs potentiels, ce qui n’a pas été un moment facile…

OW: J’imagine aisément qu’il y a dû y avoir quelques déçus. Est-ce que votre nouvelle recrue va également jouer sur scène avec vous?

CC: C’est justement ici que cela se corse, car il va sortir un album solo en juillet. Un album qu’il va devoir promotionner et donc laisser momentanément We Are Scientists de côté. Ce sera un inconvénient pour tout le monde…

OW: Ou l’occasion de donner une chance à l’un des six batteurs laissés sur le carreau…

CC: L’un d’eux, Danny Lee Allen, le batteur du groupe australien Youth Group, va assurer l’intérim lorsqu’Andy ne sera pas là, ce qui risque d’être la majorité du temps. Donc, pour le moment, Andy est plutôt le batteur de studio mais on va s’arranger pour organiser l’un ou l’autre concert où il pourra aussi être le batteur live.


OW: Question en relation avec l’album, qui est donc cette Barbara?

CC (regardant Keith): Qui est Barbara?

KM: On a décidé aujourd’hui que Barbara ne représentait pas seulement une fille mais l’ensemble de la gent féminine. Cela dit, c’est d’abord et avant tout le nom de notre album! On voulait le baptiser d’un prénom féminin qui évoquerait une personne, mais pas quelqu’un en particulier. C’était Barbara le prénom qui nous paraissait le plus évident. Mais au final on a beaucoup de questions par rapport à cette mystérieuse personne…

CC: C’est en tout cas un prénom plus générique que, disons Lizzy, par exemple.

OW: Vous avez choisi de l’orthographier Barbara et non Barbra.

CC: C’était la seule manière de l’orthographier pour qu’il y ait deux fois le mot « bar » côte à côte. C’était extrêmement important pour nous…

OW: Dix titres, 31 minutes. Vous avez voulu aller droit au but cette fois…

CC (adoptant un air triste): On voulait vraiment réussir à descendre sous la barre des 30 minutes… C’est donc une réelle déception pour nous. Malgré de nombreux essais, on n’a trouvé aucun morceau à raccourcir.

KM: Au départ, l’idée était que chaque titre ne dépasse pas les 3 minutes 30. Mais il y en a un qui atteint presque les 5 minutes (« Pittsburgh »). C’est atroce et on est vraiment dégoûté… Plus sérieusement maintenant, même avant de le composer, on tenait à ce que cet album soit très court, avec un condensé de chansons rythmées et directes.

OW: A l’instar du premier single, « Rules Don’t Stop ».

CC: Exactement, à peine 2 minutes 15.

KM: Je pense que c’est principalement pour cette raison que nous l’avons choisi comme premier single. On voulait montrer que même si une chanson est courte, rien ne l’empêche d’être parfaite (rires). En plus, tu peux l’écouter plus de fois dans ta vie. C’est en quelque sorte notre cadeau pour les fans.

OW: J’imagine que vous allez tourner cet album. Si je ne m’abuse, vous n’avez pas encore de date planifiée pour la Belgique. Mais quelque chose me dit que vous serez à l’affiche du Pukkelpop, comme en 2006 et 2008.

KM: Il y a effectivement de grandes chances pour que nous soyons au Pukkelpop fin du mois d’août.

OW: Cela fait longtemps que vous n’avez plus joué dans une salle belge. Vous comptez remédier à ce manquement grave? A propos, vous vous rappelez de la première fois que vous avez joué en Belgique?

CC: Est-ce que ce n’était pas au Botanique en support d’Editors?

OW: Tout à fait, c’était en décembre 2005 et puis la fois suivante, en avril 2006 à l’AB Club où vous étiez accompagnés de Guillemots. Mais depuis, vous n’avez joué qu’en festival (au Pukkelpop et aux Nuits du Bota). Votre Tour Manager n’apprécie pas trop la Belgique?

KM: Je pense qu’un fan belge a couché avec sa petite amie et il est un peu en froid à cause de cela.

CC: Une tournée devrait être organisée après les festivals, vers octobre ou novembre et il devrait y avoir une date en salle en Belgique cette fois.

OW: Vous allez emmener avec vous des groupes à découvrir?

CC: Bien entendu, c’est une obligation!

OW: Justement, quels sont vos coups de cœur du moment?

KM: On adore vraiment un groupe New Yorkais, Rewards, qui est le projet d’Aaron Pfenning, le compositeur principal de Chairlift. On aime aussi beaucoup Chew Lips pour le moment.

OW: Mis à part « Barbara », d’ores et déjà l’album de l’année, quels sont les autres albums qui vous ont fait de l’effet lors des cinq premiers mois de 2010?

KM: On aime vraiment bien « Life Is Sweet! Nice To Meet You » de Lightspeed Champion, l’album de Surfer Blood est excellent, tout comme celui de Washed Out.

OW: En plus de jouer dans un groupe, vous êtes également devenus comédiens et producteurs d’une série humoristique diffusée sur MTV-UK, « Steve Wants His Money ». J’imagine que le fait que vous jonglez avec les boutades a motivé la célèbre chaîne musicale à vous enrôler…

KM: MTV nous a régulièrement demandé de faire des trucs comiques pour eux. C’est donc la suite logique de l’histoire et on a un jour parlé de réaliser quelque chose de plus important, voire de plus sérieux (sans être sérieux, bien entendu). On a tourné 7 épisodes (genre de court-métrages) qui ont été diffusés fin 2009. Il se pourrait que l’on remette le couvert pour un projet plus ambitieux (mais toujours dans la même veine). On attend juste de voir quel budget nous sera alloué.

OW: Apparemment, vous avez apprécié l’expérience. Finalement, c’était quelque part un peu la routine pour vous, vu que vous ne pouvez pas vous empêcher d’avoir le mot pour rire…

CC: Tout à fait. En fait, on jouait nos personnages dans des situations fictives. Je pense que nous n’avons pas les capacités de se mettre dans la peau d’un personnage autre que Keith et Chris à l’écran.

OW: Votre journée presse en Belgique est quasi terminée. Vous connaissez le nom de quelques groupes belges?

KM: Euh… Je ne pense pas. C’est lequel le plus célèbre?

OW: dEUS, par exemple.

CC: Ah oui, on a dû jouer avec eux à un festival ou l’autre.

OW: Il y a aussi Soulwax, les 2ManyDjs, mais je ne sais pas s’ils ont une renommée jusqu’à New York.

KM: Les 2ManyDjs, oui!

OW: Que vous réserve votre avenir immédiat?

KM: Là on a encore une interview avant de prendre le train vers Londres. On a deux journées presse dans la capitale anglaise, puis Madrid, Hamburg, Paris et Amsterdam. On ne va pas s’ennuyer, c’est une certitude…

OW: Et bien merci à vous deux pour les moments de franche rigolade et bon vent pour la suite de vos aventures…

Après quelques futiles considérations en rapport avec la moustache du bassiste, le nombre de musiciens qui se retrouveront sur scène lors des futurs concerts et la prestation récente de Lightspeed Champion au Botanique, il est grand temps de les laisser filer vers la gare, ultime étape belge de leur périple d’un jour. N’empêche, ils peuvent revenir délirer avec nous quand ils le veulent. Des interviews comme celle-là, on en redemande…

Photo © 2010 Olivier Wouters

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