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Charlie WINSTON à Forest ou Tintin au pays des Hobo’s


Plus impatient que ça tu meurs ! Raté à Esperanzah où le son lui avait enlevé beaucoup de son aura, selon les présents dans la cour de l’abbaye, j’avais récupéré la donne le lendemain au milieu d’un champ (Beau Vélo de Ravel – RTBF). Un pré, un podium et surtout un set généreux et musical de 5 morceaux acoustiques où la magie avait opéré. J’étais donc impatient de voir Charlie Winston enfin pour un vrai concert. Je priais tous les soirs au pied de mon lit pour demander qu’il y enlève son chapeau pendant au moins une fraction de seconde. Trop envie de découvrir s’il avait une petite houppette sous son couvre-chef. Ben oui, avec un bord de galure mangé par un chien et un unique album qui fait l’unanimité de 7 à 77 ans, c’est un peu Tintin les cheveux teintés en brun !

Son concert de l’AB reporté pour raison de santé, Forest National en format club accueillait donc l’auteur de « Like a Hobo ». Celui-là même que votre tante se passe en boucle pour repasser. Celui-là même avec lequel le fils des voisins déchire les murs de l’immeuble pour son goûter d’anniversaire de 4e primaire !


Mon ardeur à la découverte fut mise à mal par la première partie assurée par Medi & The medicine show. Découvert sur leur myspace 2h avant le concert, leur prestation ne s’imprégna pas plus que 5 minutes dans ma mémoire. Effet placebo garanti, sans contre-indication peut-être, mais sans effet secondaire ni même primaire. Une légère somnolence peut malgré tout affecter certains individus et à déconseiller aux femmes enceintes pour éviter la frustration de la génération à naître.

Cette génération à naître n’était pas vraiment loin en âge de la foule de jeunes filles ou jeunes garçons qui pullulaient dans tous les coins de Forest pour le concert de Charlie. Beaucoup semblaient être venu(e)s avec leurs parents, bien qu’il semblait aussi que beaucoup de parents étaient là sans leurs enfants. 7 à 77 ans, je vous disais.

Face à la scène masquée par un rideau, ce public attendait un spectacle et il n’a pas été déçu. Une ouverture grand genre, Winston en contre-jour debout sur une estrade, lance les festivités après une intro au cymbalum jouée presque dans la salle par Ben Edwards. Et par la suite, rien ne sera négligé afin de contenter les participants à la fête. 2h15 de concert où le souci du détail est présent à tous moments. On comprend mieux l’admiration que voue à ce jeune anglais Peter Gabriel, le metteur en scène des concerts-prestations de Genesis de l’époque « Musical Box «.


Vêtements de scène soignés pour le leader avec une culotte bouffante, presque un pantalon de golf, et un petit gilet. Même type de look homogène pour les musiciens et chose jamais vue à ma connaissance, tout le staff, jusqu’à l’ingénieur du son en table de mixage, était en gilet-cravate.

Il sait tout faire le Charlie ! Il chante bien sûr, mais souvent en adaptant sa manière à la chanson interprétée. En douceur pour faire passer ses textes ou pour ne pas détruire la douceur d’une deuxième voix, prise en charge par sa soeur. En beatboxing pour relancer l’énergie dans la salle. Très théâtralement sur certains morceaux, où même avec des intonations à la Nusrat Fate Ali Khan dans la chanson du rappel où, couronnement, apparaît un joueur de sitar sur ciel étoilé.

Mais il joue aussi de plusieurs instruments, il danse, il parle à la salle, il fait rire, il fait le clown, il joue un peu la comédie, il va s’inquiéter du malaise d’une spectatrice, il sait laisser la place à ses musiciens. Et ceux-ci ne sont pas des amateurs. Harmonica, piano, violon, violoncelle, guitares, percussions, backing vocaux, … les rotations sont nombreuses avec peut-être un petit plus pour l’harmoniciste Ben Edwards déjà cité et le batteur. Un batteur dont la prestation au final du set principal fut magistrale et très modeste surtout, car toute masquée par une mise en scène de 9 tambours arrivés sur scène et joués de manière pas vraiment au point par des roadies ou autres personnes apparentées du backstage.


Les effets sont légion aussi. Réglé comme le papier à musique d’un orgue de barbarie joué par un faux aveugle, le show dégaine au passage de notre globe-trotter, ratant sa cible, mais criblant de joie un public émerveillé. Autre effet impromptu, le piano volant sur fond de nuit étoilée ravit chaque spectateur comme autant d’Incas découvrant une éclipse de Soleil !

Cela dit, l’aspect ligne claire est parfois mis à mal par des morceaux fort bien arrangés tantôt dans leur intro, tantôt dans leur final, mais à la longue un peu longuets. Le « Like a Hobo » est sûrement celui qui illustrera le mieux cette constatation. Longue intro western presque caricaturale, l’explosion des premiers accords de ce hit « trop poli pour être vrai » remplit de liesse téléphonée la salle. Mais, à quoi bon le redire, l’assistance n’en a cure et clame le nom de son héros comme autant de petits papiers jetés des gratte-ciels.

Et puis, pourquoi leur donner tort ? L’homme a de l’étoffe et ose. Un deuxième rappel avec un morceau non connu où il demande l’arrêt des appareils photo et le silence aux 5.000 spectateurs ! Il ne faut pas avoir peur pour se risquer à l’exercice. A l’identique du petit reporter devant le lion africain, il reviendra avec le fauve en laisse et en duo exécutera dans un silence presque parfait cette chanson de plus de 6 minutes. « Calling me » et toutes les notes de guitare la composant nous imprégnant de sa richesse émotionnelle, terminera dans le même style comme un au revoir avant la montée sur le paquebot en port de Shanghai.

Chapeau sur le cœur, l’autre main dans la poche, le « Hobo » sort de scène pour repartir sur les chemins afin de colporter son art sous d’autres cieux. Gageons que ceux-ci resteront ensoleillés.

Set list :

  • Generation spent
  • Tonge tie
  • I’m a man
  • In your Hands
  • Soundtrack
  • Boxes
  • Lonely alchemist
  • My name
  • Kick the Bucket
  • Can we do it
  • Every step
  • My life is a duck
  • I love your smile+ In your hands (percussion)
  • Morricone
  • Like a hobo
  • Bleeding heart
  • Calling me

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Medi & The Medicine Show

Photos © 2010 Bernard Hulet

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