WHITE LIES à la Rotonde: promesses tenues
Concert événement archi complet depuis une éternité ce samedi 14 mars à la Rotonde. Cela faisait longtemps (Arctic Monkeys en novembre 2005 pour être précis) que je n’avais plus connu une telle effervescence à l’entrée de la salle. Est-ce que White Lies, la sensation anglaise du moment, allait être à la hauteur de la hype qui s’est emparée d’eux?
Pour le savoir, il allait falloir patienter un peu… Car en première partie, les londoniens avaient invité Haunts, un quatuor qui porte drôlement (mais est-ce le mot?) bien son nom. Ils arrivent dans la pénombre sur une musique sinistre digne d’un film d’épouvante. A peine en place, ils commencent pied au plancher avec un titre que n’aurait pas renié Marilyn Manson, mais avec la théâtralité en moins. Car c’est vrai que d’un point de vue visuel, ils ne se foulent pas beaucoup.
Le chanteur (dont on n’a jamais vu le visage) est resté dans son survêt à capuche et les autres musiciens n’avaient que très rarement leurs têtes illuminées. « Des lumières de m… » vous dirait Oli le photographe, dont les clichés du chanteur font plus penser à Dark Vador ou à un moine qu’à une rock star). Il y a juste le guitariste qui s’affiche sans crainte, avec une coiffure que n’aurait pas renié Martin Gore dans les années 80.
Musicalement parlant, ils sont d’une efficacité rare. Une rythmique puissante et bien en place sert à merveille la voix d’un chanteur qui maîtrise son sujet autant que le mini synthé qu’il a devant lui et qui apporte une légèreté intéressante à l’ensemble (sauf peut-être sur l’intro d’un titre inspirée du « Take On Me » de A-Ha). En résumé, on pense à du INXS un peu plus remuant mais en tout cas, les années 80 sont une influence indéniable pour ce groupe qu’on reverra avec plaisir.
Place donc à White Lies, qui étaient déjà passés au Pukkelpop l’année dernière (pour une prestation qui, honnêtement, ne m’avait pas marqué…). Depuis, ils ont enregistré leur excellent album « To Lose My Life… » aux studios ICP de Bruxelles. Cet album est sorti en janvier et s’est retrouvé d’emblée N°1 des ventes en Angleterre. Une sacrée performance en ces temps où le r’n’b, les reliquats des émissions de téléréalité et les Kings Of Leon se taillent la part du lion des charts outre-Manche.
Ils entament leur set avec « Farewell To The Fairground » et « To Lose My Life ». Deux singles qui vont directement installer l’ambiance. Une ambiance sombre dans la musique et les textes, mais l’excellente voix du petit Harry McVeigh (par la taille) y apporte une lueur qui empêche de tomber dans des atmosphères moroses. D’ailleurs, sa voix et la basse de Charles Cave (quelle pêche et quelle atmosphère il installe celui-là!) sont à mon sens les points forts du groupe, complétés par l’efficace batteur Jack Brown et d’un claviériste de tournée, qui, lui aussi, apporte sa pierre à l’édifice.
Cela dit, le petit truc qui m’a contrarié par rapport au chanteur, c’est sa tendance à être limite arrogant, un peu déjà blasé. « Vous avez de la chance de nous voir dans une si petite salle », affirmera-t-il notamment. Cela couplé au fait qu’il ne s’est pas montré au stand merchandising après le concert et qu’il nous a refusé une interview aurait tendance à me décevoir mais je ne compte pas lui en tenir rigueur, grâce à la musique.
Et justement, pour en revenir à la musique, cet album est tout simplement parfait. Si l’année se terminait maintenant, il serait tout en haut de mon classement. L’interprétation en live des morceaux ne nuit en rien à leur qualité. Au contraire, l’émotion est bien rendue et le son limpide et puissant de la Rotonde ne font que me conforter dans mon idée. Autres bons moments: « A Place To Hide » et « Unfinished Business ». Sur « The Price Of Love », on se rend compte que le morceau est savamment composé, tout en crescendo. Quant à « Death », qui a clôturé leur prestation, c’est sans hésiter un de leurs chefs d’œuvre.
Comme pour Friendly Fires mercredi, le seul regret aura été de ne pas avoir eu le petit quelque chose en plus, disons une face B ou une cover (de Joy Division par exemple, pour rester dans leur trip). Ce détail les empêchera peut-être de devenir mon concert de l’année. Mais il sera dans le top 10, cela ne fait pas l’ombre d’un doute…
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Photos © 2009 Olivier Bourgi