Anna Winkin en concert intimiste à Gelbressée

Retour dans le Namurois, dans la sympathique salle de concert de Gelbressée, pour une soirée placée sous le signe de la (re)découverte avec au programme deux artistes qui s’étaient déjà produits là, mais seulement en première partie. Le public a le plaisir de les retrouver dans un format différent puisque Bo Cesar, l’enfant de la région, tente le format trio, tandis que la lumineuse pianiste-compositrice-interprète Anna Winkin s’est entourée d’une guitariste et de deux choristes.

La salle ‘La Gelbressée’ est presque remplie au moment où Bo Cesar monte sur scène, accompagné de Nathan Rainotte à la contrebasse et de Régis Takam au clavier. Cette formule (guitare acoustique, contrebasse et piano) met en avant la richesse des arrangements et l’émotion brute des chansons, oscillant entre douceur suspendue et groove feutré. Il définit lui-même sa musique comme étant à la croisée de la pop acoustique et du rock, portée par une guitare subtile et une écriture sincère. Inspiré par le rock, le blues et le jazz, il alterne français et anglais dans des morceaux qui parlent d’amour, de pertes (séparations) et de doutes, mais aussi de joies quotidiennes, le tout avec une intensité maîtrisée. Sur scène, il privilégie la simplicité et la spontanéité, adaptant chaque performance à l’énergie du moment. Soulignons aussi son jeu de guitare précis sur des lignes mélodiques à mille lieues des navets commerciaux qui inondent les ondes. Il a une forte connexion avec le public, grâce à des textes à la poésie enracinée dans le monde qui l’entoure et dans son vécu, dont l’effet est décuplé par le phrasé de son chant et l’authenticité du propos. En l’écoutant, je ne peux m’empêcher de penser aux débuts de Brel, à la verve de Julos Beaucarne, et à toute une génération montante d’artistes francophones ancrés dans le réel. Autre point commun avec Brel: un jeu scénique très sobre, avec peu de mouvement pour concentrer toute l’attention sur les musiques et les textes.

Ses chansons passent merveilleusement en guitare-voix (comme lors de son premier passage à Gelbressée). La version en trio est également intéressante. La contrebasse apporte une épine dorsale rythmique qui amplifie la portée de chaque titre. Les arrangements au clavier étaient très beaux, mais j’avais parfois l’impression qu’ils s’intégraient moins bien dans l’ensemble. Rien d’anormal pour un amateur de jazz, mais pour un public plus pop-rock, cela peut constituer un frein. Je m’empresse de préciser que cette impression avait entièrement disparu dans la dernière partie de la prestation.

La setlist contenait essentiellement des titres du premier EP de l’artiste, intitulé « Le bruit des sirènes » (2024) avec notamment (dans le désordre) « Django’s Flute« , « Le Soir« , « Lysandre« , « City Blues« , « Interlude » ainsi qu’une reprise.

N’hésitez pas à l’écouter sur les plateformes de streaming en attendant la sortie de son premier CD. Vous ne pourrez pas résister à la sincérité, à la beauté et à la profondeur des textes portés par un univers musical très personnel, fait d’une pop francophone sensible où la guitare dialogue avec des paroles ciselées.  Un univers qui navigue entre chansons à texte et envolées instrumentales, mêlant l’introspection à une énergie généreuse.

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Après une brève pause arrive le moment de retrouver Anna Winkin. Si vous vous intéressez à ce qui se passe en Flandre, le nom d’Anna Winkin ne vous est sans doute pas inconnue. En effet, la chanteuse-compositrice belgo-congolaise a été révélée par sa victoire dans l’émission Lift You Up sur VTM. Cette victoire lui a permis de signer le single « Silverline » avec Laura Tesoro et d’accompagner cette dernière comme special guest durant sa tournée estivale en Flandre, dont le point d’orgue fut une Ancienne Belgique sold-out le 17 mai dernier.

Formée aux couleurs de la pop et du jazz londoniens, Anna a façonné une voix qui porte à la fois la douceur et le feu. Son timbre chaud, profondément sincère, s’élève avec une élégance qui touche sans jamais forcer. Sur scène, son charisme éclaire l’espace, et ses mots — taillés dans l’introspection — trouvent naturellement leur place dans chaque silence. Qu’elle chante dans l’écrin d’une petite salle ou sous l’ampleur d’une grande scène, Anna fait vibrer le lieu comme si elle y déposait un fragment de son âme.

L’artiste ne cache pas son admiration pour l’autrice Christiane Singer – dont elle lira d’ailleurs une très jolie citation – et a, elle aussi, un sens aigu de la poésie qu’elle utilise pour transformer ses peurs et ses colères, ses joies et ses tristesses, en autant de pépites musicales qui font du bien à l’âme. Elle partage aussi avec le public son goût pour la poésie et son intérêt pour les vertus des pierres.

Les harmonies magnifiques qui naissent entre les choristes et la chanteuse font vibrer la salle avec une belle intensité. La guitariste, aussi discrète qu’efficace, manie sa guitare électrique avec une dextérité qui fait merveille, en dosant à la perfection le son et l’intensité de son instrument pour accompagner la voix d’Anna. Le public vit une série d’instants suspendus, entrecoupés de sourires et aussi de rires, car Anna a beaucoup ri. Le rire est un élément majeur de sa personnalité lumineuse, en contrepoint de l’aspect parfois très émotionnel des thèmes abordés dans ses chansons.

Parmi les titres interprétés devant le public gelbressois, citons notamment « Peace Of Mind« , « Moon And Back« , « Poésie« , « Born Again« , « Leveling Up« , « Rise Up« , « Ivre« , « The Most Important« , une version spéciale de « Silverline » et « Galaxies« .

L’artiste a annoncé la sortie prochaine de plusieurs titres annonciateurs d’un album qu’elle peaufine depuis 2 ans en studio. Elle nous aura en tout cas fait passer un moment hors du temps, loin des soucis du quotidien, un moment d’introspection reboostante. Et vu le concentré de talent constaté lors de cette superbe prestation, on n’a pas fini d’entendre parler d’elle dans le monde musical belge et international.

Accréditations: Gelbressée et son Animation gelbressoise 

Texte: Hugues Timmermans
Photos © 2025 Hugues Timmermans