DEVIL WEARS PRADA (The) – Dead & alive (CD+DVD)
Après avoir commencé une ascension remarquée chez les amateurs de metalcore avec leurs albums « With roots above and branches below » (2009) et « Dead throne« (2011), les petits énervés de The Devil Wears Prada continuent leur conquête avec un album live doublé d’un DVD qui retrace la performance donnée au cours d’un show tenu on ne sait où, aucune information ne figurant sur la jaquette du CD. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire par le passé, The Devil Wears Prada est un de ces groupes de metalcore qui enthousiasme les adolescents pré-pubères s’ennuyant dans les banlieues des villes reculées de l’Iowa mais exaspère tous ceux qui ont eu l’occasion d’écouter dans leur vie un album de Motörhead. On excusera donc le parti pris de cette chronique provenant de quelqu’un qui a écouté Motörhead et qui est donc depuis longtemps immunisé contre le semblant de violence et les manières de gros bras complètement bidons des groupes de metalcore, juste bons à impressionner les auditeurs sans imagination et sans expérience.
The Devil Wears Prada en live aurait pu être une occasion de revoir la position sur ce groupe et d’espérer le repêcher en découvrant un talent scénique qui n‘aurait pas été révélé sur les albums studio. Mais malheureusement, le son et le mixage effroyable de ce « Dead & alive » ne repêche rien du tout et continue de me faire penser que The Devil Wears Prada est au rock ‘n’ roll ce que les films de Dolph Lundgren sont au cinéma d’auteur. Au programme, donc, une quinzaine de morceaux principalement extraits des deux derniers albums, avec une petite place laissée à deux titres (aux noms bien idiots) en provenance des deux premiers albums (« Dogs can grow beards all over » pour « Dear love: a beautiful discord » de 2006 et « Hey John, what’s your name again? » pour le « Plagues » de 2007). Deux chansons extraites du « Zombie EP » sont l’occasion de prêter attention à ce maxi paru en 2010 et qui est finalement le moins pire de la discographie de The Devil Wears Prada parce qu’il est le plus court.
Quant au DVD, il permet d’entendre les mêmes morceaux, mais avec l’image. C’est là qu’ont voit un groupe évoluer dans une salle assez grande mais le montage est tellement épileptique qu’on a à peine le temps de fixer son attention sur les images. On aperçoit un chanteur en short, chemise à carreaux et chaussettes blanches, qui semble être sorti d’un camp de scouts zombies. La caméra ne s’attardant jamais sur les visages des musiciens, on a l’impression que toute émotion a été retirée des images. Il y a en fait le choix entre des plans gros ou moyens qui étouffent le mouvement sur scène, ou des images filmées de très loin qui ne montrent qu’une bouillie confuse, tant le grain du film est grossier. Ajoutons que le son est tout aussi foireux que sur le CD et on obtient un concert qui ne sauve en aucune manière la médiocrité des compositions, toutes photocopiées les unes sur les autres.
Le bonus est constitué d’un petit documentaire d’une douzaine de minutes qui raconte l’histoire de la tournée « Dead throne » à travers les États-Unis, avec des musiciens parfaitement coiffés et aussi propres sur eux que des ingénieurs en informatique. Le doc n’évite aucun poncif, avec des images niaises de grands dadais sautant bêtement au-dessus d’un feu de camp, faisant les petits fous à la piscine ou émettant des commentaires sur leur tournée, aussi passionnants qu’une interview de sportif à la fin d’une course de fond. Les visages des fans croisés sur la route sont floutés, ce qui en dit long sur l’étendue du conformisme et de l’absence totale de rébellion que ce genre de groupe véhicule. On peut même apercevoir à un moment une guitare Fender dont la marque est floutée, comme si on ne savait pas que c’était une Fender. Le moralisme et le légalisme abruti des États-Unis sont véritablement une source d’inquiétude…
Vous l’aurez compris, cet objet est uniquement destiné aux fans de The Devil Wears Prada et l’on attend une version avec en supplément un album de Motörhead qui permettra à tous ces braves gens d’ouvrir les yeux et de quitter l’aveuglement d’un genre au final très conformiste.
Pays: US
Roadrunner FRR2 – 60152
Sortie: 2012/10/15