POINT BLANK – Fight On !
En 2005, après plus de vingt ans de silence, cette formation texane arrimée au courant « Southern Rock » sur le tard publiait un témoignage public d’excellente facture. Constitué de treize titres issus de sa première carrière, dont huit extraits de ses deux premiers albums globalement les meilleurs, « Reloaded » montrait un groupe en pleine forme, reconstitué autour de quatre de ses cinq membres d’origine, auxquels s’ajoutaient un autre de ses anciens chanteurs, l’ex-James Gang Bubba Keith, un claviériste et, en prime, le guitariste de Blues Buddy Whittington, collaborateur régulier de John Mayall.
A l’époque, ce retour gagnant laissait espérer un nouvel enregistrement axé sur de nouvelles compositions, seule preuve d’un véritable renouveau. Avec « Fight On ! », voilà qui est fait.
Les amateurs seront comblés : le groupe a bien renoué avec la qualité et l’inspiration des débuts. Même si, en cour de route, il a perdu son batteur original, le claviériste et le grand Buddy Whittington, ces événements n’ont pas porté négativement à conséquence. D’abord, le nouveau batteur, qui a travaillé avec Santana, offre un jeu plus riche, plus varié et techniquement supérieur ; ensuite, le guitariste, moins imprégné par le Blues originel que son prédécesseur, colle mieux au style de son leader, Rusty Burns. En conséquence, le groupe apparaît mieux soudé que jamais. De plus, aucune composition ne déçoit vraiment et, pour certaines, la barre est même placée fort haut.
Sans surprise, les guitares dominent la scène. Les riffs sont souvent acérés, les solos nombreux et bien tournés. Le chant de John O’Daniel reste un atout. Son panel vocal est large, rappelant souvent Tom Johnston (Doobie Brothers), parfois Stephen Stills et, plus rarement, Alex Harvey et Danny Joe Brown (Molly Hatchet). Le duo basse et batterie est souverain, d’une efficacité jamais démentie et encore enrichie par le dernier arrivant. Les claviers travaillent plutôt en soutien.
Les titres (53’35) :
- « Down Not Dead » (Burns/O’ Daniel)(3’58)
- « Fight On ! » (Burns)(5’07)
- « Deep Ellum Women » (Burns/O’ Daniel/Petty)(3’53)
- « Hit the Bottom » (Benno)(4’11)
- « Made of Stone » (Williams/Toler)(4’57)
- « My Soul Cries Out » (Burns)(6’30)
- « Big White Horse » (Burns)(4’41)
- « Out of Darkness » (Powell)(5’52)
- « Cold Day in Hell » (Burns/O’ Daniel)(5’22)
- « Undercover Lover » (Burns/O’ Daniel)(5’12)
- « Short Stack of Blues » (Petty)(3’52)
« Down on Dead » lance la mécanique. Loin d’être le titre le plus éblouissant, il a au moins le mérite de bien réveiller l’auditeur. L’album démarre en force, sur les chapeaux de roue.
« Fight On ! » est d’une autre étoffe. Le chant de John O’Daniel rappelle autant Alex Harvey que Stephen Stills. Le rythme est saccadé, nourri de nombreux riffs bien trempés et ponctué de solos de guitare slide. Un des meilleurs titres !
Le niveau est maintenu avec « Deep Ellum Women ». Le Lynyrd Skynyrd des belles années revient en mémoire. Les guitares croisent parfois le fer, mais la guitare slide reste la vedette incontestable. Le chant est plus forcé et le pianiste, ici plus marquant, se souvient de Billy Powell.
Reprise du guitariste Texan Marc Benno, « Hit the Bottom » se distingue par le croisement systématique du chant et d’une des deux guitares en solo. Dans le même temps, l’autre mène la rythmique en puissance.
Autre reprise, « Made of Stone » se situe dans la ligne de 38 Special, époque « Special Force » et « Tour de Force ». Elle gênera certains fans par ses contours plus ronds, plus produits et un brin commercial. Il n’empêche, c’est fichtrement bien fichu. En outre, le chant est magistral et les solos de guitares d’une efficacité incontestable.
Ballade sans vocaux, légère dans le ton, complexe dans la forme, « My Soul Cries Out » est un petit bijou. Elle met particulièrement en valeur les talents de Rusty Burns. Guitares acoustiques et électriques sont à la fête. Les solos se succèdent de bout en bout, soutenus sans faille par un groupe remarquable tout au service de son compositeur.
Le registre change avec « Big White Horse », plus brut, plus pesant, dans la veine de Molly Hatchet. « Out of Darkness » est du même tonneau avec une pointe de Lynyrd Skynyrd en prime, et un degré de sophistication supplémentaire.
L’excellent « Cold Day in Hell » n’a pas grand-chose à voir avec le Southern Rock, né bien à l’est du Mississippi. Il s’agit d’un Blues Rock classique du terroir Texan, comme peuvent en produire Van Wilks, Jimmy Vaughan ou même ZZ Top. Il renoue aussi avec les débuts, avec « Second Hand » particulièrement. Les guitares règnent toujours en maître, chacune dans leur registre. Le chant est magistral. Les claviers, plus présents, évoquent Santana, avec Richard Baker particulièrement.
« Undercover Lover » fait aussi partie de mes favoris : mélodie parfaite, chant puissant, rythmique saccadée, guitares acérées qui insistent et s’emballent à volonté.
La mécanique s’accélère encore avec « Short Stack of Blues », plus rock que Blues. La bande retrouve la hargne des tout débuts.
En conclusion, si Point Blank ne réinvente pas la roue, il la fait bien tourner. Ne seront déçus ni les amateurs historiques du groupe, ni les fanatiques de Blues Rock, texan particulièrement, ni les dingues de Southern Rock, … Du plaisir à l’état brut !
Les interprètes :
- Rusty Burns : Guitares, Chant & Synthétiseur
- John O’ Daniel : Chant
- Phillip Petty : Basse
- Larry Telford : Claviers
- Michael « Mouse » Mayes : Guitares & Chant
- David Crockett : Batterie & Percussions
Pays: US
Dixie Frog Records DFGCD 8671
Sortie: 2009/09/07